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Biélorussie : "Se déshabiller et travailler"

24 Juin 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur en Europe

Dans mon livre sur la nudité j'avais parlé d'un appel du parti du président du Zimbabwe dans les années 2000 demandant aux femmes de se dénuder dans la rue pour le président Mugabe.

En Biélorussie aujourd'hui on est sur une nudité ironique avec une flahsmob sur les réseaux sociaux. Le président Lukashenko le 22 juin devant le Congrès du peuple biélorusse (l'assemblée nationale) avait déclaré à "Tout dans nos vies repose sur des choses simples : développer et se mettre au travail". En russe développer et se déshabiller sont des mots qui se ressemblent "razvivat'sya" et "razdevat'sya". Les Biélorusses ont donc légèrement détourné la phrase aujourd'hui, en se dénudant sur leur lieu de travail.

La nudité a la cote en Biélorussie. Le dernier candidat de ce pays à l'Eurovision avait fait part de son souhait de chanter nu.

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La nudité punie d'Ohola et Oholiba dans Ezechiel 23

23 Juin 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur au P.O. et au Maghreb, #Ishtar

Certains considèrent le livre d'Ezéchiel comme une parole prophétique, d'autres comme une "rencontre rapprochée" avec des extraterrestres selon l'expression de John Lash, à cause de cette vision.

Observons le chapitre 23. L'ensemble "nudité", "nu" "nue" revient 5 fois ce qui est plutôt rare dans la Bible. Il ne s'agit pas d'une nudité asexuée, ni d'une nudité "cool" comme celle des cyclonudistas de Brighton et Bruxelles des semaines dernières.

C'est celle d' Ohola et Oholiba (Ohola signifie « sa tente » et Oholiba « ma tente est en elle »), figures allégoriques de la Samarie et de Jérusalem. St Jérôme et Bossuet les citèrent dans leurs sermons. Montesquieu disait de ce texte qu'il prouvait que la Bible ne peut pas être laissée entre toutes les mains.

Voltaire allait plus loin et résumait ainsi l'histoire dans Son Dictionnaire philosophique :

"Oolla a été folle des seigneurs, magistrats, cavaliers ; elle a couché avec des Egyptiens dès sa première jeunesse... Ooliba, sa sœur, a bien plus forniqué encore avec des officiers, des magistrats et des cavaliers bien faits elle a découvert sa turpitude elle a multiplié ses fornications elle a recherché avec emportement les embrassements de ceux qui ont le membre comme un âne, et qui répandent leur semence comme des chevaux" ce qu'il rapproche d'Ezechiel 16.

Proudhon en "ethnicisant" le texte dira dans Césarisme et christianisme (1883, p. 114) que "Simon, comme Osée épousant par ordre de Dieu une prostituée, comme Ézéchiel racontant les fornications d'Oolla et Ooliba, parlait aux Orientaux le langage qu'ils entendaient le mieux". Décidément marqué par ce texte il vait aussi qualifié le peuple de "moderne Ooliba" dans La Révolution sociale démontrée par le coup d'état du 2 décembre (1852, p. 85), Léon Bloy lui dira qu'Oolla c'est l'Eglise.

Un des fils d'Oholiba serait un démon selon le Papyrus magique de Paris.

Une curieuse exégèse en espagnol sur le Net voit dans Ohola les témoins de Jéhovah et Oholiba la nation actuelle d'Israël qui devra supporter d'être entre les mains des gens qu'elle déteste.

1 La parole de l'Eternel me fut adressée, en ces mots : 2 Fils de l'homme, il y avait deux femmes, Filles d'une même mère. 3 Elles se sont prostituées en Egypte, Elles se sont prostituées dans leur jeunesse; Là leurs mamelles ont été pressées, Là leur sein virginal a été touché. 4 L'aînée s'appelait Ohola, Et sa soeur Oholiba; Elles étaient à moi, Et elles ont enfanté des fils et des filles. Ohola, c'est Samarie; Oholiba, c'est Jérusalem. 5 Ohola me fut infidèle; Elle s'enflamma pour ses amants, Les Assyriens ses voisins, 6 Vêtus d'étoffes teintes en bleu, Gouverneurs et chefs, Tous jeunes et charmants, Cavaliers montés sur des chevaux. 7 Elle s'est prostituée à eux, A toute l'élite des enfants de l'Assyrie; Elle s'est souillée avec tous ceux pour lesquels elle s'était enflammée, Elle s'est souillée avec toutes leurs idoles. 8 Elle n'a pas renoncé à ses prostitutions d'Egypte : Car ils avaient couché avec elle dans sa jeunesse, Ils avaient touché son sein virginal, Et ils avaient répandu sur elle leurs prostitutions. 9 C'est pourquoi je l'ai livrée entre les mains de ses amants, Entre les mains des enfants de l'Assyrie, Pour lesquels elle s'était enflammée. 10 Ils ont découvert sa nudité, Ils ont pris ses fils et ses filles, Ils l'ont fait périr elle-même avec l'épée; Elle a été en renom parmi les femmes, Après les jugements exercés sur elle. 11 Sa soeur Oholiba vit cela, Et fut plus déréglée qu'elle dans sa passion; Ses prostitutions dépassèrent celles de sa soeur. 12 Elle s'enflamma pour les enfants de l'Assyrie, Gouverneurs et chefs, ses voisins, Vêtus magnifiquement, Cavaliers montés sur des chevaux, Tous jeunes et charmants. 13 Je vis qu'elle s'était souillée, Que l'une et l'autre avaient suivi la même voie. 14 Elle alla même plus loin dans ses prostitutions. Elle aperçut contre les murailles des peintures d'hommes, Des images de Chaldéens peints en couleur rouge, 15 Avec des ceintures autour des reins, Avec des turbans de couleurs variées flottant sur la tête, Tous ayant l'apparence de chefs, Et figurant des enfants de Babylone, De la Chaldée, leur patrie; 16 Elle s'enflamma pour eux, au premier regard, Et leur envoya des messagers en Chaldée. 17 Et les enfants de Babylone se rendirent auprès d'elle, Pour partager le lit des amours, Et ils la souillèrent par leurs prostitutions. Elle s'est souillée avec eux, Puis son coeur s'est détaché d'eux. 18 Elle a mis à nu son impudicité, Elle a découvert sa nudité; Et mon coeur s'est détaché d'elle, Comme mon coeur s'était détaché de sa soeur. 19 Elle a multiplié ses prostitutions, En pensant aux jours de sa jeunesse, Lorsqu'elle se prostituait au pays d'Egypte. 20 Elle s'est enflammée pour des impudiques, Dont la chair était comme celle des ânes, Et l'approche comme celle des chevaux. 21 Tu t'es souvenue des crimes de ta jeunesse, Lorsque les Egyptiens pressaient tes mamelles, A cause de ton sein virginal. 22 C'est pourquoi, Oholiba, ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Voici, j'excite contre toi tes amants, Ceux dont ton coeur s'est détaché, Et je les amène de toutes parts contre toi; 23 Les enfants de Babylone et tous les Chaldéens, Nobles, princes et seigneurs, Et tous les enfants de l'Assyrie avec eux, Jeunes et charmants, Tous gouverneurs et chefs, Chefs illustres, Tous montés sur des chevaux. 24 Ils marchent contre toi avec des armes, des chars et des roues, Et une multitude de peuples; Avec le grand bouclier et le petit bouclier, avec les casques, Ils s'avancent de toutes parts contre toi. Je leur remets le jugement, Et ils te jugeront selon leurs lois. 25 Je répands ma colère sur toi, Et ils te traiteront avec fureur. Ils te couperont le nez et les oreilles, Et ce qui reste de toi tombera par l'épée; Ils prendront tes fils et tes filles, Et ce qui reste de toi sera dévoré par le feu. 26 Ils te dépouilleront de tes vêtements, Et ils enlèveront les ornements dont tu te pares. 27 Je mettrai fin à tes crimes Et à tes prostitutions du pays d'Egypte; Tu ne porteras plus tes regards vers eux, Tu ne penseras plus à l'Egypte. 28 Car ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Voici, je te livre entre les mains de ceux que tu hais, Entre les mains de ceux dont ton coeur s'est détaché. 29 Ils te traiteront avec haine; Ils enlèveront toutes tes richesses, Et te laisseront nue, entièrement nue; La honte de tes impudicités sera découverte, De tes crimes et de tes prostitutions. 30 Ces choses t'arriveront, Parce que tu t'es prostituée aux nations, Parce que tu t'es souillée par leurs idoles. 31 Tu as marché dans la voie de ta soeur, Et je mets sa coupe dans ta main. 32 Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Tu boiras la coupe de ta soeur, Tu la boiras large et profonde; Elle te rendra un objet de risée et de moquerie; Elle contient beaucoup. 33 Tu seras remplie d'ivresse et de douleur; C'est la coupe de désolation et de destruction, La coupe de ta soeur Samarie. 34 Tu la boiras, tu la videras, Tu la briseras en morceaux, Et tu te déchireras le sein. Car j'ai parlé, Dit le Seigneur, l'Eternel. 35 C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Parce que tu m'as oublié, Parce que tu m'as rejeté derrière ton dos, Porte donc aussi la peine de tes crimes et de tes prostitutions. 36 L'Eternel me dit : Fils de l'homme, jugeras-tu Ohola et Oholiba ? Déclare-leur leurs abominations ! 37 Elles se sont livrées à l'adultère, et il y a du sang à leurs mains : Elles ont commis adultère avec leurs idoles; Et les enfants qu'elles m'avaient enfantés, Elles les ont fait passer par le feu Pour qu'ils leur servent d'aliment. 38 Voici encore ce qu'elles m'ont fait : Elles ont souillé mon sanctuaire dans le même jour, Et elles ont profané mes sabbats. 39 Elles ont immolé leurs enfants à leurs idoles, Et elles sont allées le même jour dans mon sanctuaire, Pour le profaner. C'est là ce qu'elles ont fait dans ma maison. 40 Et même elles ont fait chercher des hommes venant de loin, Elles leur ont envoyé des messagers, et voici, ils sont venus. Pour eux tu t'es lavée, tu as mis du fard à tes yeux, Tu t'es parée de tes ornements; 41 Tu t'es assise sur un lit magnifique, Devant lequel une table était dressée, Et tu as placé sur cette table mon encens et mon huile. 42 On entendait les cris d'une multitude joyeuse; Et parmi cette foule d'hommes On a fait venir du désert des Sabéens, Qui ont mis des bracelets aux mains des deux soeurs Et de superbes couronnes sur leurs têtes. 43 Je dis alors au sujet de celle qui a vieilli dans l'adultère : Continuera-t-elle maintenant ses prostitutions, et viendra-t-on à elle? 44 Et l'on est venu vers elle comme l'on va chez une prostituée; C'est ainsi qu'on est allé vers Ohola et Oholiba, Ces femmes criminelles. 45 Mais des hommes justes les jugeront, Comme on juge les femmes adultères, Comme on juge celles qui répandent le sang; Car elles sont adultères, et il y a du sang à leurs mains. 46 Car ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Je ferai monter contre elles une multitude, Et je les livrerai à la terreur et au pillage. 47 Cette multitude les lapidera, Et les abattra à coups d'épée; On tuera leurs fils et leurs filles, On brûlera leurs maisons par le feu. 48 Je ferai cesser ainsi le crime dans le pays; Toutes les femmes recevront instruction, Et ne commettront pas de crime comme le vôtre. 49 On fera retomber votre crime sur vous, Et vous porterez les péchés de vos idoles. Et vous saurez que je suis le Seigneur, l'Eternel.

Le texte est déjà cru. Chouraqui dans sa traduction en accentue la violence. Idoles devient "crottes" (conformément à une tradition de philologie hébraïque bien enracinée). Impudicité est remplacé par "putinerie", et là où le traducteur classique parlait de "nudité", c'est le mot "sexe "qui figure. Ainsi en 10 "ils ont découvert son sexe", en 18 "elle découvre son sexe" en 29 "ils t'abandonnent "nudité et sexe", "le sexe de tes puteries est découvert". Ce n'est plus le "reste de toi" qui tombe à l'épée en 25 mais le derrière, et c'est lui aussi qui est dévoré par le feu. Déchirer les seins devient "mutiler les seins" comme au début les "mamelles" "pressées" du début deviennent des "seins" "pelotés". Et le passage délicat (20) qui faisait rire Voltaire sur les ânes et les chevaux est traduit par "elle est plus lubrique que leurs concubins dont la chair est chair d’ânes et l’éjaculation éjaculation de cheval" (ce qui rejoint l'idée de semence abondante qu'évoquait Voltaire). Sur un plan plus spirituel "Mon coeur s'est détaché d'elle" au 17 devient "mon être se disjoint d'elle", ce qui laisse entendre que l'esprit de Dieu n'est plus présent à partir du moment où elle dévoile son sexe.

Je suis bien incapable de dire quelque chose de très original sur ce texte, mais je ferais juste quelques petites remarques. Tout d'abord on baigne là dans la dénonciation des systèmes de prostitution proche-orientaux, notamment du système assyrien autour d'Ishtar, qu'on avait abordé à propos des prophéties de Nahum en octobre dernier. On a l'équivalent aussi avec l'histoire de la phénicienne Jezabel (dont le nom "où est le prince" évoque le cri lancé rituellement dans les cérémonie quand Baal associé à Ishtar-Astarté dans la période où il est sous terre).

Je ne comprends pas pourquoi au niveau du 5 on est visuellement dans les tons bleus (Chouraqui traduit par Indigo). Je suis intrigué par le verset 14 où Oholiba voit une image de Chadéens rouges et s'enflamme en voyant cela. Le rôle des images dans l'initiation sexuelle et métaphysique ne laisse pas d'intriguer. En 2011 dans Raison présente, je m'étais interrogé sur la raison pour laquelle le stoïcien Chrysippe à Athènes enseignait à partir d'un tableau jugé pornographique qui représentait les débats de Zeus et Héra pendant la Guerre de Troie. Pourquoi donc est-ce que Oholiba est stimulée par des Babyloniens en rouge ? On se rappelle qu'Ishtar était coloriée à l'ocre rouge sur la célèbre plaque retrouvée au 19e siècle. Il y a quand même quelque chose de très étrange dans le fait de faire venir de Mésopotamie des hommes qu'on a vus en image sur les murailles d'une ville (laquelle ? Jérusalem ?). Etait-ce une projection miraculeuse démoniaque ? A-t-elle une signification ésotérique ?

Après il y a tous les excès : l'anthropophagie sur les enfants (dont on accusait aussi les adamites, dont on a déjà parlé ici), la violation du sabbat, et puis "mon encens et mon huile" (propriétés de Dieu) profanés par leur dépôt sur la couche des prostituées (cela fait penser au commerce des hosties consacrées condamné par l'apparition de Marie devant Yvonne de Malestroit dans les années 1940). On voit qu'on est ici dans la sexualité rituelle, la hiérodulie, ou si l'on veut des messes noires, c'est pourquoi Ohola et Oholiba ont du sang sur les mains, et quand Yahvé insiste sur le fait qu'elles sont "adultères", ce qui pourrait passer pour une banalité, cela doit sans doute s'entendre dans un sens vraiment terrible. On rejoint l'idée du chercheur Gregory Dean Cook que j'avais évoquée dans mon billet sur le système prostitutionnel d'Ishtar que c'est bien l'action de la déesse qui est attaquée à travers la dénonciation de la trahison de Jérusalem, mais dans un sens mystique qui reste encore très mystérieux compris dans le choix même des images.

Et puis il y a ces Sabéens, dont l'Islam fait un "peuple du livre" qui viennent couronner les deux prostituées. Pourquoi ?

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Les prêteurs tiennent les étudiantes chinoises par la nudité

16 Juin 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur en Asie-Océanie

"Certains prêteurs chinois exercent une pratique tout à fait choquante: ils demandent aux étudiantes de leur donner des photos d'elles dénudées comme garantie bancaire."

Des étudiantes chinoises utilisent leurs propres photos nues comme garantie pour emprunter de l'argent à des usuriers en ligne, rapporte le magazine Quatz.

Proposant des sommes à prêter, les plateformes en ligne comme Jiedaibao exigent des étudiantes des photos nues avec leur carte d'identité ou leur carte bancaire pour qu'elles soient immédiatement reconnaissables via messageries QQ ou WeChat. Les conditions sont assez claires: sans remboursement du prêt en temps voulu, la photo sera publiée sur la Toile ou transmise aux parents de la pauvre étudiante.

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Le cantique à Notre Dame de Betharram "Boune may dou boun diu"

6 Juin 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète, #Histoire des idées

Que l'on croie que la Vierge Marie est en fait un artéfact des extraterrestres qui a manifesté notamment toute sa puissance à Fatima dans l'attente d'une révélation plus complète dans quelques décennies, ou que l'on pense qu'elle est vraiment l'être parfait née en Galilée il y a deux mille ans, couronnée au Ciel après son assomption, médiatrice auprès de son fils et même "co-rédemptrice" du genre humain, force est de constater que son culte reste très vivace, au grand dam des rationalistes et des protestants (qui y voient un artéfact démoniaque, une sorte de nouvelle Isis, avec d'ailleurs beaucoup d'attributs communs). Il se décline suivant diverses modalités, souvent métissées comme à Guadalupe ou à Kibeho.

Voici un cantique en Gascon qui lui est dédié du Béarn au Comminges, chanté à Laruns dans la Vallée d'Ossau lors de la clôture de la messe du 15 août 2013, à une date où moi je me battais avec divers démons.

Ci-dessous les paroles et leur traduction en béarnais (gascon) et en français

L'air est celui de Estelle de la mar des Landais.

Les paroles font référence à ce miracle qui fut un grand motif de dévotion à Betharram à compter du Moyen-Age : une jeune fille tombée dans le torrent (le gave de Pau), fut sauvée de la mort par la Vierge, la Bonne Mère, qui lui tendit un rameau fleuri ; en reconnaissance, elle offrira un rameau tout doré, un beau rameau, “ beth-arram ” à la statue de la vierge dans la chapelle. Mais une autre légende avait précédé la fondation de la chapelle en ce village en 1475 : celle d'une image de la sainte Vierge qui aurait été découverte, penchée sur les bords du gave, à l'endroit même de l'autel actuel (d'où les paroles "Allons donc tous ensemble / Vers l'autel de la grâce"), grâce à une flamme resplendissante (d'où le nom de Notre Dame de l'étoile - estelle). Dans la Bible, la vallée fertile de Bétharram dans la Palestine (ou le comte béarnais Gaston IV se bâtit au XIIe s avant de prendre à son retour Saragosse dont il restaura la cathédrale avant de fonder l'abbaye de Sauvelade), fut donnée par Josué à la tribu de Gad, lors du passage en Terre-Sainte (Josué 13,27)

A Notre Dame du Calvaire à Betharram, lieu de pèlerinage, eurent lieu de nombreux miracles. Le docteur Gassion, médecin protestant qui voulait démystifier ce lieu fut converti. Pierre de Marca, président du parlement de Navarre, en atteste en 1648 dans son Traité des Merveilles opérées à Betharram chapitre 9, peu après sa destruction par les calvinistes et la grande procession (5 000 personnes) qui couronna la réhabilitation du monastère par Léonard de Trappes archévêque d'Auch . Il y avait notamment une croyance très répandue , que Notre-Dame de Bétharram aidait les femmes en couches, et que les offrandes faites à cette occasion sur son autel, les sauvaient de tout péril. Le 9 mai 1623 une mère de famille attestait sous serment que treize ans plus tôt la chapelle encore en ruine où elle avait passé la nuit avait guéri ses enfants (on dit que la lumière avait continué de baigner le lieu, même en ruines, pendant tout le temps de la persécution calviniste). Le 14 août 1622 veille de l'Assomption, l'ancienne source qui y coulait, presque tarie malgré les efforts pour réunir les canaux, retrouve d'un coup sa vigueur.

Google Books met à disposition des lecteurs l'exemplaire de la Triple couronne de la Bienheureuse Vierge Mère de Dieu du RP jésuite François Paré (version augmentée, privilège royal de l'année 1638), un inventaire extraordinaire en 800 pages de tous les aspects du culte marial (y compris à l'époque pré-chrétienne !). En son traité 1 chapitre 12, après avoir parlé de ND de Sarrance (p. 264) il consacre plus d'une page à Betharram (en comparaison il traite l'ensemble des sanctuaires d'Espagne en moins de quatre pages) et explique : "Au diocèse de Lescar, audit pays de Béarn, il y a une chapelle appelée ND du Calvaire de Betharram, beaucoup plus considérable par la vénération du lieu, où elle est située, et les grandes merveilles, que Dieu y a opéré que par la grandeur de son édifice. Elle fut bâtie il y a environ cent quarante ans par sujet et occasion fort remarquable qui est telle, selon qu'on le tien par une commune tradition des plus anciens du village voisin appelé Etelle, qui l'ont ouï dire de leurs pères" (il raconte le miracle de la lumière au bord du Gave). Il précise que "Plusieurs étaient arrivés, à la vue de la chapelle, achevaient leur pèlerinage à genoux, tenant une torche ardente à la main pour faire hommage à la Reine du ciel et de la terre, jusques au temps que le Comte Mongommery comme un Satan déchainé avec ses troupes impies, entrât dans le Béarn et renversât tous les lieux saints". "Je dois à Monsieur de la Vie, premier président au parlement de Pau, deux belles remarques sur ce lieu, que j'ai apprises de sa propre bouche. La première est que ladite rivière du Gave, laquelle depuis sa source jusques à ce qu'elle entre dans la rivière de l'Adour, qui font pour le moins trois journées, est si rapide qu'on n'y a jamais pu nager : mais dès qu'elle approche de la Chapelle, et tout autant qu'elle dure, elle va d'un cours fort calme et posé, comme s'arrêtant par honneur devant le lieu où la Reine du monde est adorée. L'autre est que la paroisse de l'Etoile, où elle est assise, a été l'unique qui s'est maintenue en la Religion Catholique pendant tous les troubles et divisions du Béarn, sans que jamais aucun s'y soit fait Huguenot, nonobstant les persécutions qu'ils ont souffertes en bon nombre à cet effet, l'espace de cinquante ans et plus : la Sainte Vierge tenant la main à la conservation de ses dévôts paroissiens." (voir sur ces sujets notre billet ici)

Le célèbre chanteur des années 1730 Pierre de Jéliotte de Lasseube fut formé pendant trois ans par les missionnaires de Betharram où vivait son oncle, avant de faire carrière à Paris. En septembre 1820 90 "pénitents blancs" se rendaient de Monléon-Magnoac à Betharam derrière un drapeau blanc à fleurs de lys pour obtenir la "délivrance de la duchesse de Berry". La comtesse de Chambord y consacra à la Vierge sa robe de noces, ce qui laisse entendre que le sanctuaire au XIXe siècle avait pris des couleurs royalistes légitimistes.

Le cantique fut probablement très tôt celui des pèlerins de Betharram. Bernadette Soubirous fut souvent l'une d'entre eux. Elle en ramena le chapelet qu'elle détenait lors de l'apparition de la Vierge à Lourdes, qui allait surclasser en notoriété Betharram, et même au delà de toute espérance.

Boune may dou boun diu (graphie fébusienne) fut chanté le 13 janvier 1952 à l'initiative de l'association "Le Réveil basco-béarnais" à la chapelle des filles de la charité rue du Bac à Paris, haut lieu d'apparition mariale (revue Pyrénées p. 83).

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Boune may dou boun Diu,

Sente Bièrye Marie Qu'eb boulem ayma, Toustem, toustem. (bis)

Eslou merabilhouse, Hilhe de Diu, lou Pay, De Bous, ô May piouse, Diu Jésus qu'ey l'array. O Bièrye sacrade, qu'et l'Immaculade, La Bièrye May !.

Sus lou gabe qui brame, dou pount debat l'arcèu, Si cau tene ue arrame, que deberat dou cèu. Bièrye, en la capère, au qui desespère, Dat lou rameu !

De la Bièrye Marie, qui nou sab la bertut, Que prègue cade die, en t'a nouste salut. Anem doun touts amasse, ta l'aouta de la grace Préga, ayma !.

O Bièreye Immaculade, ayat pieytat de nous, Baillat se a tous l'entrade, aou Cèu auprès de bous De la boste tendresse qu'eb laouderam chens cesse. Aou Cèu, aou Cèu !.

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Bonne Mère du bon Dieu, sainte vierge Marie

Nous voulons vous aimer, toujours, toujours

Fleur Merveilleuse Fille de Dieu le Pére De Vous, ô Mère pieuse Dieu Jésus est le frère O Vierge sacrée Vous êtes l'Immaculée La Vierge-Mère

Sur le Gave qui gronde Du pont sous l'arceau S'il faut tenir un rameau Vous descendrez du Ciel Vierge, à la capuche Pour celui qui désespère Avec le rameau

De la Vierge Marie Qui nous apprend la vertu Qui prie chaque jour Pour notre salut Allons donc tous ensemble Vers l'autel de la grâce Prier et aimer

O Vierge Immaculée Ayez pitié de nous Donnez-nous à tous l'entrée Au Ciel auprès de vous De votre tendresse Que nous louerons sans cesse Au Ciel, au Ciel

L'autregrand cantique à Marie en gascon dans la région est Nouste dame deu cap deu poun. Il a été avancé (hypothèse de D-S Lacolor dans "Pèlerinages des Pyrénées" appuyée sur "Histoire des troubles du Béarn" de l'abbée Poëydabant) que ce dernier cantique n'était pas forcément attribué à ND du bout du pont de Jurançon, mais lui-daussi à ND de Betharram puisque dans toute la Gascogne il y avait un oratoire à la Vierge au bout de chaque pont, ce qui explique que la reine Jeanne d'Albret malgré son calvinisme l'ait chanté en donnant naissance à Henri IV (puisque ND de Betharram aidait les parturientes).

Le pasteur Wentworth Webster (1828-1907) s'est demandé si avec ND de Betharram on n'avait pas affaire à l'origine à une déesse-mère celtique ou euskarienne (proto-basque) commune à Sarrance et Betharram, qu'on retrouverait aussi dans la Madeleine de Tardets (Bulletin de la Société Ramond : explorations pyrénéennes, Bagnères de Bigorre, 1874 p. 101)...

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Deus absconditus

2 Juin 2016 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Médiums

Pourquoi est-ce que le divin se cache, se révèle seulement dans les rêves, les synchronicités, les expériences limites (guérisons, expériences de mort imminente, initiations sexuelles extrêmes, pratiques magiques, apparitions surnaturelles etc) et souvent dans des formes codées, obscures etc ? L'Eglise catholique contemporaine a théorisé l'idée que Dieu se cache pour respecter notre liberté, cela fait partie de ce vaste mouvement d'abaissement du grand qu'on appelle la kénose. La tradition ésotérique, mais aussi l'ufologie, qui, à bien des égards est un ésotérisme, et même une démonologie, aux couleurs scientistes, ce qui ne veut pas nécessairement dire que ce soit une doctrine fausse (je pense ici à Daniel Robin par exemple, quand il dit que les extraterrestres déguisent leur discours en révélations mariales pour ménager notre ignorance), estiment que Dieu, les "entités de l'au-delà" ou les "entités spatiales" cryptent leurs messages parce que nous sommes trop stupides ou trop impurs pour pouvoir les supporter, ce qui laisse entendre qu'avec des efforts d'intelligence et de purification du corps, de l'esprit, et de notre rapport aux gens et au cosmos nous pourrions finir par en savoir un peu plus. La thèse du "on n'est pas encore capable de" est présente dans les Evangiles eux-mêmes, et donc ne peut, même du point de vue de l'Eglise catholique, être écartée d'un revers de main. Dans l'évangile de Jean Jésus dit à ses apôtres : "J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant." (Jn 16, 12). Voilà qui met sur les rails de l'ésotérisme (d'ailleurs n'a t on pas dit que depuis 2000 ans il y a une église de Pierre exotérique et une église de Jean ésotérique. Et c'est comme lorsqu'un daimon fait voir à Mme Blavatsky que le roi David dans la Bible dansait à moitié nu devant l'Arche d'alliance, même si le daimon cherche à l'égarer complètement par les conséquences qu'il en tire, on ne peut oublier que ce détail troublant, peu compatible avec l'enseignement exotérique, est vraiment présent dans les textes sacrés. Et, sauf à considérer que des morceaux démoniaques sont présents dans le corpus sacré lui-même, il semble que la religion officielle doit bien prendre en compte ce genre de "bizarrerie" et les chemins sur lesquels elles ouvrent...

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