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Mes propos sur les pères en colère dans Le Figaro aujourd'hui

24 Juillet 2013 , Rédigé par CC Publié dans #Sociologie des institutions

Avant hier une journaliste du Figaro a bien voulu m'interroger sur les revendications actuelles des pères. L'article qui reprend mon propos ("Les pères en colère se mobilisent pour la rentrée") est dans la version papier du journal aujourd'hui et sur le Net ici.

 

Mon propos ayant été un peu coupé pour des raisons de format, je vous livre ici l'intégralité du "topo" que j'avais rédigé un peu en urgence par mail en réponse au coup de fil de lundi, et qui restitue la logique globale de mon propos.

 

le-fig.jpg"La France et l’Europe se trouvent dans une situation paradoxale où le pouvoir politique et économique revient toujours largement aux hommes, mais le pouvoir symbolique revient de plus en plus à la femme, dont les valeurs de dialogue, d’intelligence etc, sont censées être plus porteuses d’avenir pour l’humanité que la violence habituellement imputée à la virilité et au patriarcat qui a façonné notre culture (violence aujourd'hui prohibée dans toutes les relations sociales, y compris celles des enfants, voir l'interdiction de la fessée et de la gifle). A cela s’ajoute en France une grande valorisation de la maternité dans un pays qui est aujourd’hui le plus fécond de l’union européenne avec l’Irlande.


Cette situation a de nombreuses implications sur l’investissement général des hommes dans les structures institutionnelles  de la société (éducatives – voir le taux d’échec scolaire très important des garçons – familiales – le désengagement croissant de les tâches du couple, dans l'istruction des enfants) notamment dans les couches populaires.


On est ici dans un schéma de stigmatisation et d’intégration psychologique du stigmate : l’homme étant réputé déficient au regard des normes sociales dominante s’identifie au stigmate et  confirme par son comportement les insuffisances qu’on lui impute.


On comprend dans ces circonstances que les juges des affaires familiales, qui sont une profession de plus en plus féminisée, soient enclins à confirmer par leur jugement en droit une appréciation largement dominante dans les valeurs sociales actuelles, et validée bien souvent par le comportement des pères eux-mêmes, une appréciation qui disqualifie le pôle paternel dans l’éducation de l’enfant.


Cependant les pères exclus de l’éducation de leurs enfants sur la base d’un stigmate social, ne peuvent donner aucun contenu positif ou constructif à la disqualification de leur rôle de père. Les manifestations de pères sur des grues ou autres peuvent être lues comme des tentatives de récupérer du pouvoir symbolique en mettant en avant la souffrance et en jouant sur les valeurs traditionnellement féminines de la compassion et de l’empathie (aujourd’hui très porteuses dans l’espace médiatique). Mais d’une façon ironique, ces tentatives d’obtenir une reconnaissance à travers des moyens « féminins » (ou "codés féminins")  se retournent souvent contre ces pères revendicatifs qui ne peuvent, par ce simple acte, faire oublier que bien souvent leur comportement antérieur (et cela s’est vérifié notamment chez l’homme sur la grue) : le comportement d’hommes qui, face à une une société qui faisait planer le soupçon sur leur capacité à transmettre une éducation utile à leur progéniture (transmission solidaire du soin au quotidien), avaient de fait depuis longtemps intégré le regard que celle-ci portait sur eux. A maints égards cette révolte des pères ressemble à une jacquerie du Moyen-Age, un peu aussi comme ce mouvement des Hommen qui singent les Femen. Celui qui se révolte par de mauvais moyens, en utilisant maladroitement les moyens de ceux auxquels il s’oppose ne fait généralement que confirmer son incapacité à affirmer ses propres valeurs sur une base positive. Il semble que les pères ne puissent sortir de l'impasse qu'en inventant et en faisant reconnaitre une nouvelle forme de virilité qui ne soit ni celle du passé, ni la copie de laféminité dominante dans l'espace symbolique. C'est un défi énorme, qui doit aussi s'inspirer d'une réflexion sur la psychologie évolutionniste(contre la théorie du genre)"

 

 

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