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Atelier d'écriture en banlieue

29 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #Médiums

Assisté à une restitution d'atelier d'écriture de femmes hier dans un centre social de la banlieue parisienne. Discuté avec une écrivaine parisienne née yougoslave qui "va au peuple" au delà du périphérique de temps en temps dans le cadre de ce genre d'action subventionnée. Nous avons discuté pendant 10 mn de la question de savoir si le conflit yougoslave était une guerre civile ou pas, ce qui me ramenait au temps où je  publiais un livre sur les Serbes.

L'ambiance de la restitution était émouvante, mais un peu gâchée, selon moi, par le fait que l'illustratrice de la brochure qui concluait le travail de l'année ait proposé aux participantes de composer un tableau de peinture au pendule pour terminer en beauté. Quand on sait quelles forces occultes peuvent se glisser dans ce genre d'ustensile  on ne peut que regretter que des femmes en souffrance  se voient imposer ce type de pratique dans un cadre institutionnel. Pour ma part j'ai préféré m'éclipser plutôt que de m'associer à cette invocation collective qui ne disait pas son nom (et dont celle qui l'a proposée ignorait sans doute la nature profonde)...

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La maison de Marie à Lorette

22 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète

Ma grand mère paternelle, Candelaria Planchat Monterde (1910-1998) eut pour arrière grand-père dans sa branche paternelle un certain Pedro Aguilar Antolin, né à Castelseras (Aragon) en 1819, décédé moine dans un couvent franciscain dans les années 1880 après avoir eu quinze enfants. En 2016 j'ai parlé de lui sur ce blog et j'ai cité ce passage de ses brèves mémoires : "Le 11 août 1884, ont été organisés 3 jours de fête à  La Codoñera pour la Vierge de Lorette pour l'accomplissement du centenaire de l'édification de la chapelle. Je suis reconnaissant à cette Vierge parce qu'à ce même endroit en un quart d'heure j'ai eu la vie sauvée trois fois pendant la guerre civile. Et j'ai connu un homme de village qui s'appelait Mariano Lusona qui, à l'âge de 80 ans, a vu des dents lui sortir comme à un enfant". D'après ce qu'il écrit au paragraphe suivant, l'épisode de guerre auquel il se réfère serait la bataille menée par les conservateurs carlistes sous la bannière du général Cabrera en 1868.

Il existe aujourd'hui une fête de Notre Dame de Lorette le 10 décembre, à  La Codoñera, nous explique Wikipedia.

Je lisais la semaine dernière ce passage dans "Histoire d'une âme" de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus (Eds Cerf 2006 p. 130) : "Je fus heureuse de prendre la route de Lorette (région des Marches en Italie). Je ne suis pas surprise que la Ste Vierge ait choisi cet endroit pour y transporter sa maison bénie, la paix, la joie, la pauvreté y règnent en souveraines ; tout est simple et primitif, les femmes ont conservé leur gracieux costume italien et n’ont pas, comme celles des autres villes, adopté la mode de Paris ; enfin Lorette m’a charmée ! Que dirai-je de la sainte maison ? Ah ! mon émotion a été profonde en me trouvant sous le même toit que la Sainte Famille, en contemplant les murs sur lesquels Jésus avait fixé ses yeux divins, en foulant la terre que Saint Joseph avait arrosée de sueurs, où Marie avait porté Jésus entre ses bras, après l’avoir porté dans son sein virginal… J’ai vu la petite chambre où l’ange descendit auprès de la Sainte Vierge… J’ai déposé mon chapelet dans la petite écuelle de l’Enfant Jésus… Que ces souvenirs sont ravissants !…"

C'est en parcourant ce passage que je découvris donc que selon la tradition catholique la maison de la Sainte Vierge aurait été apportée par des anges à Lorette dans la nuit du 9 au 10 décembre 1294, trois ans après le départ des croisés de Terre Sainte, afin de la soustraire à l'occupation turque musulmane de Jérusalem (qui avaient détruit la basilique qui protégeait cette maison en 1263). L'itinéraire du déplacement de cette maison par voie aérienne est d'ailleurs partiellement connu puisque le 10 mai 1291 un curé de Tersatto/Trsat en Dalmatie, le P. Alexander Georgevitch, aurait remarqué cette maison apparue miraculeusement sur un terrain de sa paroisse et la Vierge Marie elle-même lui serait apparue pour lui expliquer le déplacement de sa maison par la puissance de Dieu. Un seigneur local de Tersatto, Nicolo Frangipane a d'ailleurs envoya une délégation en Palestine pour vérifier la disparition de la maison à Nazareth, et c'est lorsque les Albanais se convertirent à l'Islam en 1294 que la maison le 9 décembre au soir franchit l'Adriatique (les Slaves en portèrent longtemps le deuil). Des bergers la virent portée par des anges, puis elle arriva à Ancone où elle resta neuf mois, et enfin à Lorette.

Je me suis demandé ce qu'il fallait penser de cette histoire. Ma première réflexion fut que j'imaginais mal au vu des photos comment une famille italienne aurait pu défaire brique par brique les murs de cette maison en Palestine, puis les déplacer en Italie par bateau et les reconstruire à l'identique comme le suggère Wikipédia.

Puis je suis tombé sur cette page de mars 2021 d'un blogueur de notre époque, Guy Sémard, père oblat de la Vierge Marie, qui confesse avoir eu du mal à croire au miracle de la translation angélique de cette maison, mais cite un livre italien du professeur Federico Catani, publié par l'association Luci sull'Est qui réunit tous les arguments en faveur de cette thèse (voir sa conférence en italien ici). Il explique notamment que le périmètre de la maison en Italie correspond exactement à celui de la présumée maison de la Sainte Famille à Nazareth, dans la Basilique de l'Annonciation, dont la trace des fondations a été conservée. Les pierres de construction sont d'origine palestinienne d'il y a 2 000 ans d'après le travail effectué par les spécialistes. Elle a été posée sur un terrain non travaillé sans fondations (sur une ancienne route).

C'est un point qu'avait déjà relevé en 1894 pour les 600 ans de la translation, un certain William Garratt de Cambridge dans "Lorette, le nouveau Nazareth" (p. 28-29) : "Quand on creusa autour de la Sainte Maison de Lorette, au mois de novembre 1531, il fut évident pour tous que ses murs se soutenaient sur la terre nue et sans fondations. Jérôme Angelita, chancelier de la ville de Recanati et témoin oculaire, nous a laissé le récit de ces excavations entreprises pour entourer de marbre la Santa Casa. A une date plus récente, en 1672, quand un nouveau pavement fut posé, plusieurs personnes pouvaient faire passer librement, soit leurs mains, soit des bâtons, sous certaines parties des murs, le terrain sur lequel ceux-ci reposaient se trouvant inégal. Les dalles furent renouvelées encore une fois en 1751, sous le pontificat de Benoît XIV, et l’on procéda alors à l’intérieur à un nouvel examen, après avoir fait des excavations au pied des murs. L’archevêque de Fermo, les évêques de Jesi, d’Ascoli, de Macerata et de Lorette, trois architectes étrangers, trois maîtres-maçons, outre l’architecte des travaux, étaient présents, ainsi que beaucoup d’autres personnes. Un des architectes fut autorisé à faire creuser à six pieds de profondeur jusqu’à ce qu’on fût arrivé au tuf, c’est-à-dire à la terre ferme, où l’on a coutume d’aller pour assurer la solidité des fondements. Il fut manifeste alors que la Sainte Maison se soutenait par elle-même, depuis plusieurs siècles, sur un terrain inégal et mouvant, contrairement à toutes les règles de l’architecture. Un rapport officiel fut alors enregistré dans les archives de Lorette".  Garratt parle aussi de la pierre qui est de la pierre calcaire de Nazareth, ce qui fut confirmé par des observateurs des XVIII et XIXe siècles (pierres dites Jabès et Nahari, chimiquement analysées). Il évoque aussi le bois de cèdre du Liban.

Le professeur Giorgio Nicolini donne le même genre de conférences que Federico Catani.

Cette maison avait été visitée par Saint louis et par St François d'Assise en Palestine en 1219 ou 1220. Les actes de dévotion à la  maison de Notre Dame à Lorette furent nombreux. Saint François Xavier reçut aux pieds de la Vierge de Lorette l’inspiration de porter l’Evangile aux Indes et au Japon. Papes, cardinaux, prêtres et moines s'y sont succédés, mais aussi l'empereur allemand Charles IV, Jean Paléologue, empereur byzantin, différents rois et reines du monde chrétien, les ducs et duchesses de la région, les princes de Condé, ducs de Joyeuse et autres nobles, Montaigne, Descartes (qui y fit un pèlerinage à pied depuis Venise), Louis-Marie Grignon de Montfort etc.

On ne compte plus les guérisons miraculeuses et les exorcismes réussis dans cette sainte maison.

Un phénomène étrange de flammes célestes y fut aussi observé. Le 8 septembre 1296, puis à nouveau l'année suivante l'ermite Paolo della Selva qui avait fixé son asile solitaire sur une colline voisine aperçut de sa cellule cette lumière, paraissant avoir quatre mètres de long sur deux de large descendant du ciel au dessus de la maison de la Sainte Vierge. En 1555, Riera, jésuite de Barcelone, confesseur au sanctuaire de Lorette, fut témoin en compagnie des fidèles de la messe du même miracle qu'il allait raconter dans son Historiae Almae Domus Lauretanae Liber Singularis. Le miracle se produisit à nouveau en 1557. Renvoyons au livre de Garratt pour les autres miracles.

On peut se demander si le souvenir du livre du catalan Riera ne fut pas pour quelque chose dans le succès de Notre Dame de Lorette en Bas-Aragon où vivaient mes ancêtres.

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Miracles eucharistiques : un mot sur Carlo Acutis

19 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Hier c'était la fête de Dieu, fête du Saint Sacrement, a fait remarquer le prêtre à la messe. Pas de chance pour lui, la ferveur n'était pas au rendez-vous dans cette église remplie surtout de gens venus assister au baptême ou à la communion de leurs proches. Aujourd'hui YouTube me propose une vidéo de la mère du bienheureux Carlo Acutis, né en 1991, décédé à l'âge de 15 ans d'une leucémie fulgurante, qui consacra deux ans et demi de sa courte vie à recenser les miracles eucharistiques sur Internet à propos d'une exposition réalisée par son fils qui était organisée près de Paris le mois dernier.

Cela m'a rappelé que j'ai écrit un article sur le sujet en 2016 alors que j'ignorais l'oeuvre de Carlo Acutis, article repris par Sciences et religions, et sur lequel le pauvre youtubeur Arnaud Dumouch promit de m'interviewer avant de se rétracter... Je m'étais aussi penché un peu plus tard sur les travaux du cardiologue Petro Pescetelli sur le même sujet. En 2016 je découvrais un peu le merveilleux catholique, dont notre époque se désintéresse trop souvent, dans le sillage de feu le Père Brune (dont toutefois je n'approuve pas tous les centres d'intérêt, notamment pour le spiritisme).

Le corps du bienheureux pour l'instant d'apparence pratiquement intacte est exposé à Assise (car cet enfant était très inspiré par St François d'Assise, bien qu'il soit né dans un milieu bourgeois en Angleterre) - le sanctuaire est entretenu par des religieuses portugaises. Il semble qu'il y ait un culte de ses reliques dans la plus pure tradition médiévale. Il y a trois semaines des mèches de ses cheveux ont été exposées à l'église franciscaine de Għajnsielem à Malte (plus précisément sur l'île de Gozo) non sans avoir été préalablement montrée aux élèves de l'école Saint François de Victoria. En avril, à New-York, l'évêque d'Assise a offert aux évêques américains pour un an la membrane du coeur du bienheureux.

Avec quelques autres paroisses argentines, la Cathédrale Notre Dame du Pilier à Buenos Aires a aussi une relique du jeune "geek de Dieu", saint patron des internautes - un fragment de sa peau, grâce à la médiation de Marcela Errecalde dont on parlera un peu plus loin - de même qu'un diocèse en Pologne, à Londres où il est né etc.

Les miracles autour de ces reliques sont un enjeu pour la canonisation. Selon la loi de l'Église, une personne vertueuse doit intercéder dans deux miracles avant de pouvoir être déclarée sainte, sauf en cas de martyre ou lorsque le pape lève ces exigences. Or les miracles autour de Carlo Acutis seraient déjà assez nombreux. A Campo Grande, dans le Matto Grosso (Brésil) le père Marcelo Tenório de Almeida qui a organisé une dévotion autour de lui, témoigne qu'en 2011 il a été informé qu'une religieuse a guéri d'un cancer par l'intercession du jeune bienheureux. Lui-même s'est rendu à Assise et la mère de Carlo Acutis, Antonia Salzano, lui a donné un vêtement de son fils, que le prêtre exposa tous les 12 octobre dans sa paroisse. Le vêtement produisit en 2013 un autre miracle sur l'enfant Mattheus, né en 2009 avec une maladie grave (un pancréas annulaire) qui lui causait des difficultés à manger et de graves douleurs abdominales. Il était incapable de garder la moindre nourriture dans son estomac et vomissait constamment.

Alors que Mattheus avait presque quatre ans, il ne pesait que 20 livres et vivait avec un shake de vitamines et de protéines, l'une des rares choses que son corps pouvait tolérer. On ne s'attendait pas à ce qu'il vive longtemps.

Sa mère, Luciana Vianna, avait passé des années à prier pour sa guérison. En octobre 2013, comme elle apprit que le P. Marcelo Tenório, organisait un service de prière pour la béatification du "geek de Dieu",elle demanda à Acutis d'intercéder pour son fils et fit une neuvaine à cet effet.

Le 12 octobre 2013 jour du service de prière, elle emmena Mattheus et d'autres membres de la famille à la paroisse où les gens faisaient la queue. (...)  quand vint son tour l'enfant en embrassant la relique dit : "J'aimerais pouvoir arrêter de vomir autant." De retour chez lui l'enfant mangea normalement , la guérison fut immédiate et durable et point la physiologie de  son pancréas a changé. Le Vatican a reçu les documents sur cette affaire en mars 2019, après avoir demandé l'ouverture d'un tribunal de l'église locale à Campo Grande. Les dossiers médicaux de Matheus ont été vérifiés par ce tribunal et validés par des médecins locaux.

Marcela Errecalde, militante pro-vie de Buenos Aires, a précisé aussi que dans la même paroisse un garçon qui a eu 5 arrêts cardiaques et est resté dans un état végétatif a guéri après que sa mère eut dit une neuvaine pour Carlo Acutis.

Marcela Errecalde, dont le mari est français, et qui est de mère brésilienne, elle-même a eu un cheminement intéressant avec Carlo Acutis qu'elle explique dans l'interview ci-dessous accordée à la Pastorale de l'université catholique de la région de Cuyo (Nord Ouest de l'Argentine). Très éloignée de l'Eglise, elle ne commença à y retourner qu'en 2019. L'eucharistie en 2020 était presque impossible dans sa ville où la dictature sanitaire prohibait l'ouverture des édifices religieux. Elle entendit une voix qui, alors qu'elle sentait ne pas pouvoir revenir au Christ par le seul travail intérieur, lui indiqua où trouver un lieu d'adoration ouvert dans sa ville, et c'est là qu'elle entendit parler de Carlos Acutis, puis assista à sa béatification à Assise en octobre 2020 et organisa des transferts de reliques en Argentine.

Personnellement j'encourage évidemment tout le monde à communier le plus souvent possible, après s'être confessé bien sûr, et je ne doute pas que l'inspiration du jeune Carlos Acutis puisse être très utile en ce sens auprès des jeunes notamment.

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Une anecdote de Léon Bloy sur le Saint Christophe de Cologne

17 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christophe, #Christianisme, #Histoire des idées

Extrait de Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne : (pour faire suite au Mendiant ingrat et à Mon journal). I : 1900-1902 (p. 223-224) :

"Saint Christophe, l'Auxiliateur et le Géant Martyr qui mourut très-particulièrement pour moi, il y a 1652 ans. A une autre époque où j'ignorais encore à quel point il était mon protecteur et sans trop savoir ce que je faisais, j'ai tenté d'expliquer, à propos de Christophe Colomb, l'importance inouïe de ce personnage, surtout au point de vue prophétique (Voir le Révélateur du Globe). Aujourd'hui j'aurais bien autre chose à dire.

Que pensent les docteurs de la simple histoire que voici? Revenant de Danemark en 1900, nous couchâmes une nuit à Cologne, à quelques pas de la cathédrale. Je ne manquai pas, le lendemain matin, d'aller entendre une première messe. Je m'étais placé, à mon insu, au-dessous de la traditionnelle et colossale statue de saint Christophe qu'on est assuré de trouver dans la plupart des vieilles basiliques. Averti par une sorte de gêne, comme si un poids énorme eût été sur moi, je finis par lever la tête et je reçus en plein cœur la commotion de cette présence d'un ami de dix-sept siècles. Christophorum videas, postea tutus eas. Je me souvins aussitôt de ce vers léonin autrefois passé en adage « Regarde saint Christophe et puis va-t-en tranquille ». On croyait, au Moyen Age, qu'il ne pouvait arriver aucun mal dans la journée à celui qui avait vu, le matin, une image de saint Christophe. Cela pour des causes profondes que l'affaiblissement actuel de la Raison ne permet plus de comprendre.

A l'heure de notre départ, le train sur lequel nous avions compté ne parut pas, mais à sa place, un autre tout à fait extraordinaire. Rien n'était à espérer pour nous de cet interminable convoi dont chaque wagon avait été loué à l'avance par un torrent d'Allemands que l'Exposition attirait à Paris.

Nous glissâmes cependant une humble pièce dans la main d'un employé, en lui exposant notre embarras. Alors voici. Sans hésiter une seconde, cet homme nous conduisit à un compartiment interdit aux fumeurs où trois suceurs de pipes envoyés par saint Christophe nous gardaient nos places. Sur un mot de notre guide, ils nous saluèrent poliment, descendirent avec un air de satisfaction, comme des gens qu'on délivre d'une corvée, et nous arrivâmes le soir à Paris, presque sans fatigue et de très-bonne heure, portés par ce train rapide."

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La formule contre le feu

17 Juin 2022 , Rédigé par CC

Mon ostéopathe habituelle, femme très rationnelle, et d’un naturel doux, ouvert et généreux, en soignant mon bras tout à l’heure, a rebondi sur la remarque que je lui ai adressée par SMS sur la masseuse de bien-être située dans son quartier qui s’était un temps égarée dans le reiki. « Vous avez bien fait de me préciser cela, me dit-elle. Le reiki est dangereux. Je connais une personne qui s’est suicidée à cause de cela. » Visiblement elle voulait me parler de ces choses parce que ses patientes échangent avec elle là-dessus. Elle en parlait en des termes de pure autosuggestion psychologique.


Je narrai alors mon histoire de février 2014 que j’ai déjà racontée dans mon livre « Les Médiums ».


Alors, elle se sentit autorisée à me confier ceci : il y a vingt ans, elle déjeunait dans un petit village avec des amies qui lui dirent : « Il y a dans telle rue une sorcière, qui sorcière qui a une formule pour couper le feu. » Elle avait alors répondu en plaisantant, et sans y croire : « Alors si elle veut bien la formule, je suis preneuse ».


Six mois plus tard, elle recevait sur son répondeur téléphonique, d’une voix féminine qu’elle ne connaissait pas : « La formule pour couper le feu est… » et seize mots lui étaient donnés, à connotation religieuse a-t-elle précisé.


Elle a repassé le message plusieurs fois (sans l’écrire) et a retenu la formule qu’elle a ensuite utilisée pour soigner les brûlures et les zonés des gens. Et cela a marché. Une fois elle a eu l’occasion de voir ou revoir la sorcière (une dame au physique très étrange). Elle lui dit : « Cela marche, mais sur les autres, pas sur moi ». « C’est normal, répondit la femme, puisque vous ne la prononcez pas à voix haute ». Depuis, quand elle se brûle, elle prononce les mots à voix haute, et cela la guérit instantanément.


En l’écoutant, je songeai que ce cadeau lui avait sans doute été fait parce qu’elle était généreuse et désintéressé, et par ailleurs vouée par son métier à soigner les gens (avant d’être ostéopathe elle était infirmière). J’essayai de savoir si en quelque manière elle devait « payer ce don », par exemple en se brûlant plus souvent que la moyenne, mais il ne semble pas que ce soit le cas.


Elle ajouta : « Je crois que nous avons le pouvoir de s’entraider et d’agir les uns sur les autres par ce genre de moyen, mais c’est un pouvoir que nous avons perdu. » Puis, par association d’idées, elle remarqua : « Dans les campagnes on croit aussi qu’on peut les utiliser pour faire du mal, la magie noire. Cela me dépasse que ce genre de choses puisse se faire. » Je répondis que j’eus à connaître de près cela quand je me mis à enquêter sur les médiums en 2014-2015, quand beaucoup de choses surnaturelles m’arrivèrent, et elle conclut qu’elle aimerait bien lire mon livre.

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Léon Bloy et le magnétisme

12 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums

Extrait de Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (p. 43-44)  : "Rencontré chez le curé un hypnotiste, spiritiste ou occultiste, je ne sais comment nommer l'animal, qui se déclare bon chrétien et dégaine volontiers son chapelet. J'apprends avec effroi, avec horreur, que l'autorité ecclésiastique, loin de rejeter violemment l'ordure, prétend que les prêtres l'étudient avec le plus grand soin sous le prétexte mille fois sot qu'ils doivent être armés contre une erreur qui pourrait bien n'être pas absolue. Cela nous met loin des Martyrs qui aimaient mieux s'asseoir à une table de feu, la tête coiffée d'une marmite rouge que de faire la moitié d'un pas vers les démons. Bougrement loin, si j'ose le dire !

Occasion de citer une page très-belle de la voyante fameuse de Dulmen (Vie d'Anne-Catherine Emmerich par le Père Schmœger, tome 1er, page 485):

'La pratique du magnétisme confine à la magie seulement, on n'y invoque pas le diable, mais il vient de lui-même. Quiconque s'y livre prend à la nature quelque chose qui ne peut être conquis légitimement que dans l'Église de Jésus-Christ et qui ne peut se conserver avec le pouvoir de guérir et de sanctifier que dans son sein. Or la nature, pour tous ceux qui ne sont pas en union vivante avec Jésus-Christ, par la vraie foi et la grâce sanctifiante, est pleine des influences de Satan. Les personnes magnétiques ne voient aucune chose dans son essence et dans sa dépendance de Dieu; elles voient tout isolé et séparé, comme à travers un trou ou une fente. Elles perçoivent un rayon des choses par le magnétisme, et Dieu veuille que cette lumière soit pure, c'est-à-dire sainte. C'est un bienfait de Dieu de nous avoir séparés et voilés les uns devant les autres et d'avoir élevé des murs entre nous, depuis que nous sommes remplis de péchés et dépendants les uns des autres il est bon que nous soyons forcés d'agir préalablement avant de nous séduire réciproquement et de nous communiquer l'influence contagieuse du mauvais esprit. Mais, en Jésus-Christ, Dieu lui-même fait homme nous est donné comme notre chef dans lequel, purifiés et sanctifiés, nous pouvons devenir une seule chose, un seul corps, sans apporter dans cette union nos péchés et nos mauvais penchants. Quiconque veut faire cesser d'une autre manière cette séparation établie par Dieu s'unit d'une façon très-dangereuse à la nature déchue, dans laquelle règne avec ses séductions celui qui l'a entraînée à sa chute.

Je vois l'essence propre du magnétisme comme vraie; mais il y a un larron qui est déchaîné dans cette lumière voilée. Toute union entre des pécheurs est dangereuse ; la pénétration mutuelle l'est encore davantage. Mais quand cela arrive pour une âme tout à fait ouverte quand un état qui ne devient clairvoyant que parce qu'il implique la simplicité et l'absence de calcul, devient la proie de l'artifice et de l'intrigue; alors une des facultés de l'homme avant la chute, faculté qui n'est pas entièrement morte, est ressuscitée d'une certaine manière, pour le laisser plus désarmé et dans un état plus mystérieux, exposé intérieurement aux attaques du démon. Cet état est réel, il existe mais il est couvert d'un voile, parce que c'est une source empoisonnée pour tous, excepté pour les saints etc'. "

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Melchisédech, le visiteur hors du temps

11 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète

Melchisédech, en hébreu מַלְכֵּי־צֶדֶק (malkî-ṣedeq) « roi de justice », est un personnage biblique qui apparaît très brièvement dans l’histoire d’Abraham dans le livre de la Genèse 14. Il y est présenté comme « roi de Salem » (lieu non identifié) et « prêtre du Très-Haut » (El-Elyôn), auquel Abraham versa la dîme. Dans l'Épître aux Hébreux du Nouveau Testament, Jésus est déclaré « Grand prêtre pour toujours » à l'image de Melchisédech, en référence à Psaume 110:4 "L'Eternel l'a juré, et il ne s'en repentira point, que tu es Sacrificateur éternellement, à la façon de Melchisédec".

Jacques Bergier dans les Maîtres secrets du temps rappelle que France Soir le 26 novembre 1973 signalait l'existence dans un hôpital psychiatrique d'un personnage appelé Melchisédech qui se faisait appeler "prince Charlemagne SS" . Nul ne savait d'où il venait. Selon une de ses disciples poétesse de 52 ans c'est un véritable contemporain d'Abraham.

Bergier reprend aussi l'anecdote citée par Arthur Machen (1863-1947) dans son récit de 1915 "The Great return" dont Bergier situe à tort l'intrigue en juin 1917 (!) et qu'il semble tenir pour authentique : des inconnus arrivent dans le village de pêcheurs de Llantrisant, ils disent être des prêtres de Melchisedech et pendant une messe, ils prononcent des mots en grec ancien. Le récit détaillé de l'épisode est ici, en anglais, au chapitre VII : "Ffeiriadwyr Melchisédech ! Ffeiriadwyr Melchisédech ! cria le vieux diacre méthodiste calviniste à barbe grise. « Prêtrise de Melchisédech ! Prêtrise de Melchisédech !" . Bergier raconte l'apparition d'une gigantesque rosace de flammes pendant la nuit et des guérisons miraculeuses dans la foulée. Tout cela se mêlait à la thématique du Graal, celle des cloches angéliques etc. Machen, qui restait pour sa part réservé sur la légende locale, signalait que la rosace pouvait venir du port et que les miracles des neuf jours qui avaient suivi étaient tous explicables sauf la lumière chaude qui venait soigner les gens.

"Il y a cette question, notait Machen en conclusion de son texte, de la distinction entre l'hallucination et la vision, de la durée moyenne de l'une et de l'autre, et de la possibilité de l'hallucination collective. Si un certain nombre de personnes voient toutes (ou pensent voir) les mêmes apparitions, cela peut-il être simplement une hallucination ? Je crois qu'il existe une affaire de premier plan en la matière, qui concerne un certain nombre de personnes voyant la même apparence sur le mur d'une église en Irlande ; mais il y a, bien sûr, cette difficulté, que l'on peut être halluciné et communiquer son impression aux autres, par télépathie."

Bergier avait été sensible aussi au fait relevé par Machen au chapitre VI sur la similitude des visions des habitants avec l'Anhelonium Lewinii ou peyotl (bouton de mescal popularisé par Castaneda) qui faisait voir des cathédrales gothiques à un de ses expérimentateurs. Assez bêtement Bergier ajoute qu'on est 40 ans avant les travaux d'Aldous Huxley,  mais c'est oublier que le British Medical Journal en 1896 avait déjà analysé les effets de cette drogue. Je vous renvoie aux travaux de Gordon Wasson sur les enthéogènes, mais les enthéogènes n'étant que des vecteurs du surnaturel, les considérations sur ces vecteurs n'éclairent pas grand chose selon moi.

En tout cas, il est vrai que la référence à Melchisédech ne venait pas de nulle part. Donc on peut supposer que quelque chose s'est vraiment passé dans ce village gallois en rapport avec ce sage, même si la fiche Wikipedia de Llantrisant se garde d'en parler, et d'ailleurs peu de choses sur Internet se rencontrent à ce sujet. La Flying Saucer Review se serait emparée du sujet en 1972 dans le registre de l'ufologie, mais ses archives ne sont pas en ligne.

Les écrits juifs situent le roi-prêtre Melchisédech hors du temps. Il est le seul personnage de la Genèse à n'avoir pas d'ancêtres explicitement nommés (ce que redira St Paul dans He 7:3 - cf le Codex de Mechisédek analysé par Jean-Pierre Mahé en 2000).

L'abbé Trithème (1462-1516) présente Melchisedech comme un eldil, c'est a dire, une créature inférieure à Dieu, mais supérieure aux Anges, catégorie reprise dans les années 1930-40 par C. S. Lewis. Pour Bergier, ce personnage, qui a pu être le prêtre d'un dieu nouveau au temps d'Abraham, pourrait donc venir d'un autre temps, ou d'en dehors du temps, pour aider les hommes à diverses époques, comme Fo-Hi en Chine, l'inventeur du Yi-King. Il insiste sur le fait que l'idée du voyage dans le temps vient de la culture juive.

AGCP de Hody rappelle que le 13 juillet 1483 Bernard de Breydenbach, doyen de l'église de Mayence, à la sortie de l'église de la Résurrection à Jérusalem se fit montrer les tombeaux des rois chrétiens dont celui de Godefroid de Bouillon... et de Melchisédech, fait confirmé par d'autres témoins mais les Latins n'ont jamais souscrit à l'authenticité de ce tombeau.

 

PS : sur Melchisédech voir aussi ce cours au collège de France (fin du cours, année 2009-2010)

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La sentiment de pudeur n'aurait pas qu'une origine visuelle

9 Juin 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Généralités Nudité et Pudeur, #Histoire des idées, #Anthropologie du corps

J'ai souvent insisté, quand j'écris sur le rapport entre nudité et spiritualité en Occident, sur la dimension visuelle de la nudité à l'égard des anges (notamment des anges déçus).

Or je tombais hier sur une remarque intéressante de Salomon Reinach (1858-1932) sous un article intitulé "Les sycophantes et les mystères de la figue", publié la revue des études grecques de 1906 puis dans le recueil "Cultes, mythes et religion".

Je n'épiloguerai pas sur la figue sur le thème de la figue à propos duquel le kabbaliste Cohen Alloro dit des choses intéressantes.

Signalons simplement cet addendum de Reinach qui,fait référence à une lettre , paru dans la Revue archéologique de 1907, intitulée The Pharmakoi and the story of the fall que William Roger Paton (1857-1921) lui a adressée. Cette lettre trace une analogie entre l'expulsion d'Adam et Eve du paradis terrestre dans la Genèse et un rituel grec archaïque d'expulsion d'une femme et d'un homme nus de la cité.

Il existe en Grèce un rituel ancien (Reinach y insiste : un rituel plus qu'un procédé technique car on ignore si cela fonctionne) dit de caprification (de capri-ficus en latin : figuier-bouc) : pour faire mûrir la figue du figuier cultivé, on le considère comme une femelle, et on le soumet à l'influence de fleurs et de branches de figuiers sauvages (supposés être mâles) qui nourrissent des pucerons qui percent de trous la surface du fruit cultivé et en facilitent la maturation (ça c'est Pline qui l'explique tardivement dans une forme de rationalisation). On trouve un analogue dans des bas-reliefs assyriens où un génie ailé féconde un dattier. C'est une hiérogamie. Or à Athènes, au mois de thargelion (au printemps), deux victimes appelées "pharmakoi" étaient conduites en dehors de la ville nues en portant des colliers de figues sèches : noires pour la victime masculine, blanches pour la féminine (selon Helladius). Les Pharmakoi étaient frappés sept fois avec des branches de figuiers sur les parties génitales, rituel qui pouvait être censé les rendre féconds à l'origine puis avoir revêtu avec le temps une dimension expiatoire.

Paton, réagissant aux premières remarques de Reinach sur les origines du mot sycophante (qui vient de "figue") rapproche ce rituel expiatoire du verset de la Bible à propos d'Adam et Eve : « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures », dit la Bible (Gen 3, 7). Ce verset qui manifeste les origines de la pudeur, note-t-il, en le reliant à la fécondité des figues, invite à penser que celui-ci sert surtout à protéger les orifices par où l'être humain procrée (ce qui explique que les peuples qui vivent nus n'imposent une tablier aux filles qu'après leur puberté, idem pour l'étui pénien des garçons) parce que, selon la mentalité primitive, des mauvais esprits pouvaient être tentés de s'y infiltrer, ce qui pouvait nuire à la santé de la descendance.

Il ajoute que cette idée de l'entrée des esprits par les orifices est souvent étendue au delà des orifices génitaux. Un hymne chrétien dit que la Sainte Vierge fut fécondée par une oreille (quae per aurem concepisti) et pour la même raison les femmes musulmanes couvrent leur bouche (Edwin Sidney Hartland, The Legend of Perseus).

Voilà une approche à laquelle je n'avais pas pensé.

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