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Sur la notion de passeurs d'âmes dans le langage des "thérapeutes"

27 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Alchimie, #Anthropologie du corps, #Spiritualités de l'amour, #Pythagore-Isis

J'ai raconté dans mon livre "Les Médiums" la première canalisation qui fut faite pour moi le 1er décembre 2014 au nom d'une entité qui se faisait appeler Isis et qui disait :

« Nous te connaissons. Nous savons que tu as été guérisseur, homme médecine, car tu as été égyptien. Tu as suivi les âmes. Tu as su aider les âmes également. Tu as mis ta médecine au service du peuple. Tu as le droit maintenant, dans ce siècle, de rééditer cette expérience merveilleuse qu’est la médecine. Elle peut-être apportée, à travers le monde végétal, animal et minéral. En tant que médecin égyptien, tu as su pratiquer des médecines dites ésotériques, ce qui t’a valu la foudre du roi. Maintenant ton âme est prête à accueillir cet enseignement qui est cristallisé dans ton âme et ton ADN. Continue tes recherches dans ce domaine pour que tu puisses communiquer avec ton âme. Lâche prise sur le quotidien – aide toi de la méditation. Cristallise ce qui se trouve au niveau de ton plexus solaire. Tu as cette capacité d’appeler les défunts, d’être en communication avec eux. Tu es ce qu’on appelle un passeur d’âmes. Cette capacité aide les âmes à passer sur leur plan originel quand *est déplacé son terme* mais aussi à ce que tu puisses être une passerelle entre le monde invisible et le monde visible. Accepte cette capacité qui est omniprésente en toi, d’où ta dualité. »

Après ma conversion catholique en 2015, je n'ai plus attaché trop d'importance à ce "channelling", y voyant plutôt une sorte d'incitation au spiritisme qui ne me paraissait pas du tout saine. Cependant mon travail sociologique sur les médiums me poussait à continuer d'écouter de temps en temps les "praticiens" de la médiumnité qui continuaient à parler le langage du New Age, je me souviens avoir entendu Stéphane Allix de l'INREES (un institut qui boycotte largement mes travaux, mais c'est normal, vu leurs présupposés dogmatiques), dire que beaucoup de gens étaient assez embarrassés par le fait qu'on leur avait dit qu'ils étaient passeurs d'âmes sans savoir quoi en faire.

Au fil du temps depuis huit ans, j'ai appris à faire un peu le "tri" entre le bon et le mauvais rapport aux morts, à travers le témoignage de Saint Augustin ou les phénomènes concernant le Padre Pio notamment. Et, comme une conversion n'empêche pas de continuer à tenter de se connaître soi-même (même si c'est désormais par l'intermédiaire de Dieu et de ses révélations), je me suis interrogé sur les moments de ma vie où j'ai pu aider des gens au seuil de la mort, ou recevoir "quelque chose" de personnes défuntes (ne serait-ce que sous forme de synchronicités), ce qui ne va pas forcément à l'encontre des dogmes sur l'existence de l'Enfer, du Paradis et du Purgatoire (lequel n'est d'ailleurs pas forcément un lieu). Et j'ai aussi pu continuer à examiner (avec si posisble du discernement bien sûr) ce que j'avais ou non comme don dans les mains, dans le plexus solaire etc,, à travers des rencontres qui m'incitaient à le faire (y compris des rencontres dangereuses d'ailleurs car tout cela n'est pas un long fleuve tranquille).

Hier j'écoutais cette interview de cette dame, Valérie, ancienne élève d'école de commerce qui a grandi dans le catholicisme (le catéchisme jusqu'à 18 ans), a travaillé dans la com', l'audit financier et la RH, avant de s'initier aux mondes subtils par la radiesthésie (elle raconte ici comment dans ce cadre elle a découvert à la suite d'un de ses rêves qu'elle avait pu aider un de ses camarades de formation dont le frère était décédé récemment), puis a choisi une voie de "coach thérapeute" en cochant de nombreuses cases de l'ésotérisme et des pratiques à la mode dans le New Age (même si elles ne sont pas exclusivement New Age) : qi qong, yoga Iyengar, kundalini yoga, PNL, géométrie sacrée, sophrologie, chromothérapie, sonologie etc (elle fait aussi référence à l'alchimie, mais je suppose sur un plan seulement métaphorique).

Je trouve intéressante la manière dont elle définit ce que peut être une fonction de "passeur d'âmes" ici bas, indépendamment du rapport aux défunts, dans le sens d'aider les gens à franchir des caps (et je crois que même la guérison physique des personnes est principalement une façon parmi d'autres de leur permettre de franchir des caps, de passer à d'autres phases de leur vie). La manière dont elle esquisse, semble-t-il sur une base empirique, un profil-type du passeur d'âmes comme une personne qui a vocation à fédérer les gens, les mettre en réseau, et quelqu'un qui a beaucoup de dons, mais peut avoir peur de ces dons, ou les utiliser de façon maladroite et avoir tendance à se mettre beaucoup en retrait est aussi instructive. Et il est aussi très bon qu'elle mettre en garde les gens attirés par cela contre la tentation qu'ils peuvent avoir de se sentir "obligés" de devoir sauver, voire même aider les autres, et que cette polarisation sur un mot "vous êtes un passeur d'âmes", n'entrave en fait leur réalisation spirituelle, ce qui diminue leurs aptitudes à agir sur d'autres plans, voire sur tous les plans.

Cependant j'ai le sentiment qu'elle ne tient pas correctement l'équilibre entre le divin et le terrestre. Précisément parce qu'elle pense la problématique à partir d'une vocabulaire issu d'un mélange de théosophie, de bouddhisme etc, qui fait l'impasse sur 2 000 ans de Révélation qui ont forgé l'Europe. Simplement "parce qu'on serait passé à l'Ere du Verseau", elle "zappe" ce que précisément cette Révélation apporte de plus puissant à l'âme que ce bricolage païen antique sur la numérologie, la géométrie sacrée ou que sais-je encore. Bref, l'héritage spirituel est insuffisant. Bien sûr, le travers inverse qui consiste à abdiquer ses dons en se noyant dans la régurgitation des textes sacrés ou la récitation incessantes de prières vides n'est pas non plus recommandable et se révèle totalement stérile. C'est un excès opposé. Mais dans son cas, c'est son enlisement dans les catégories du Nouvel Age qui me paraît problématique.

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Le Calice de Marie-Madeleine

25 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Christianisme

 

Robert  de Boron est l'auteur dans les années 1190 d'une Histoire du Graal et d'une trilogie Didot-Perceval (Joseph d'Arimathie, Merlon, Perceval) raconte le Graal est arrivé miraculeusement dans la prison de Joseph d'Arimathie et le nourrit pendant quelques années, l'ami  de Jésus l'amena dans l'ouest de l'Angleterre, à Glastonbury dans le Somerset, où il fonda la chapelle Ste Marie Madeleine de Beckery où le roi Arthur aurait eu, selon la légende, une vision de la Vierge Marie  (et non de Marie Madeleine comme le disent certains articles) et de l'enfant Jésus qu'il plaça ensuite sur sa bannière à la place d'un dragon. Il y a aussi des légendes selon lesquelles Joseph d'Arimathie aurait amené avant de mourir le Graal à Montserrat en Catalogne ou à Montségur. On a précisé dans notre précédent article sur le livre "The Second Messiah" dans quels ouvrages du XIIe siècle se trouvaient ces différentes théories avant Robert de Boron et la dette de celles-ci à l'égard de l'Evangile apocryphe de Nicodème.

Le journaliste Graham Philipps, mis en valeur par les auteurs de "The Second Messiah" en 2016 a cherché la tombe d'Arthur à Baschirch dans le Shropshire, tandis qu'un archéologue entamait des fouilles pour dater la chapelle de Beckery.

A noter cette bizarrerie : pendant la seconde guerre mondiale le nazi Otto Bahn sur ordre d'Himmler chercha le graal et le flacon d'albâtre de Marie Madeleine contenant le sang de Jésus que les cathares auraient été susceptibles de cacher à Montségur. Il y mourut mystérieusement. L'officier SS Otto Skorzeny y fut envoyé à son tour.  Selon un témoin il aurait amené des reliques à la forteresse d'Himmler (à Wewelsburg), puis au Tibet (il y a aussi une hypothèse sur l'Antarctique).

Une tradition byzantine via Olympiodore parle aussi d'un "Graal marial" ou "calice marial", trouvé par les envoyés de l'impératrice Hélène. G. Philipps, qui a écrit un livre sur le sujet, estime que cette coupe aurait été amenée à Caer-Guricon (Wroxeter), dont le roi Arthur aurait été le gardien.  Une ballade du XIIIe siècle affirme que le Graal est hébergé dans sa la chapelle privée de Sir Fulk FitzWaryn dans son Chateau de Whittington dans le Shropshire pour finalement se retrouver sous une statue à Hawkstone Park où un pot à parfum d'onyx romain a été retrouvé en 1934. Mais le point prête à controverse.

De nombreux érudits du Graal estiment plutôt que le calice marial serait la coupe Nanteos, qui est un récipient en bois d'olivier, plus susceptible d'avoir servi à boire à l'époque de Jésus qu'une tasse faite de métal ou pierre. Elle serait actuellement détenue par la famille Powel du Pays de Galles.

Un autre calice qui pourrait être la coupe de Marie-Madeleine est le Grand Calice d'Antioche qu'on peut voir au New York Metropolitan Museum of Art mais sa datation pourrait être trop récente.

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Knight et Lomas sur le Graal, Joseph d'Arimathie et les Templiers

25 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

J'ai abordé le Saint Suaire il y a six ans à travers les travaux d'Upinsky, récemment confirmés par une synthèse plus complète de JC Petitfils. Je pensais confronter cela aux affirmations de Christopher Knight et Robert Lomas dans "The Second Messiah: Templars, the Turin Shroud and the Great Secret of Freemasonry" paru 1997, mais le propos de leur livre sur le Suaire  étant surtout axé sur une datation au carbone 14 totalement fausse, c'est à un autre aspect de leur recherche que je vais m'intéresser ici : celui du rapport du Graal à Joseph d'Arimathie et aux Templiers.

J'avais déjà évoqué dans "Le Complotisme protestant" leur thèse sur le fait que les Templiers entretenaient un culte du divin féminin. Le père spirituel de leur ordre, Saint Bernard de Clairvaux, rappellent-ils, a écrit 300 sermons consacrés au Cantique des Cantiques dont le verset 1:5 dit "Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem", ce qui renverrait au culte de la Vierge noire, mais aussi de Marie-Madeleine la "papesse" du tarot (arcane II) et dont l'Evangile de Marie et celui de Philippe (apocryphes) nous disent qu'elle surpassait Pierre en sagesse. Knight et Lomas voient dans le tarot une arme pédagogique secrète des Templiers contre le pape.

Les auteurs de la saga du Graal proches des Templiers sont entrés en scène dans les années 1130. En 1136, 8 ans après la formation des Templiers, le gallois Geoffroy de Monmouth ré-invente le roi Arthur dans "The Matter of Britain" sur un mode très différent du seigneur Arthur cité par Nennius au VIe siècle (p. 105). Il prétendait tenir cette version de son oncle archidiacre d'Oxford dont personne n'a su retrouver la trace. Sa version de la fin d'Arthur blessé grièvement puis transporté à Avalon au delà des mers ouvre sur d'autres traditions. En effet, l'existence du pays idéal à l'Ouest au delà des mers, selon Flavius Josèphe, était enseignée par les Esséniens (et donc, ajoutent Lomas et Knight, par l'Eglise de Jérusalem, ce qui est peut-être une déduction un peu rapide)... Cela se retrouve chez les Mandéens, pour qui ce pays des bonnes âmes est marqué par l'étoile Merica (et c'est ce pays, le pays de "la Merica", que les Templiers allaient rechercher après leur dissolution).

Arthur est le bâtard d'une femme mariée qui n'avait pas fauté car elle était envoûtée. Il rassemble douze chevaliers comme les douze apôtres, il est blessé mais ne meurt pas. Il est le Rex Deus des Nasoréens. Sa bataille finale est celle de la chute de Jérusalem en 70. Selon les confidences de l'historien Tim Wallace-Murphy à Robert Lomas, à l'issue d'une conférence à Londres en 1994 un Français qui se disait descendant d'Hugues de Payen lui aurait expliqué que les partisans de Jacques (p. 78), successeurs de Jésus, qui se faisaient appeler le groupe "Rex deus"auraient placé ses ossements sous le temple de Jérusalem. De Payen et les autres initiateurs de la première croisade seraient des descendants de ces Juifs nazoréens dont le but était de récupérer ces reliques que, de fait, ils cherchèrent pendant neuf ans à Jérusalem.

Payen de Montdidier, un des 9 premiers chevaliers du Temple, est devenu Grand Maître d'Angleterre en 1128, et a construit une commanderie à Oxford sur une terre offerte par la princesse Mathilde. Il n'est pas impossible qu'il ait alors révélé certains savoirs de documents anciens trouvés à Jérusalem à Geoffroy de Monmouth...

Chez ce dernier, il n'y a pas de mention du Graal. Elle n'apparaît que sous la plume de Guillaume de Malmesbury, en 1140... Il fut le premier à affirmer que Joseph d'Arimathie serait arrivé à Glastonbury dans l'Ouest de l'Angleterre en 73 avec le Graal et l'arbre à épines de la couronne du Christ qu'il y planta. Son abbaye se trouvait à 40 km d'une commanderie de Payen de Montdidier. Il y eut des controverses entre Guillaume et Geoffroy, controverses sur lesquelles se sont penchés en détail Lomas et Knight (p. 109).

Mathilde, 26 ans, issue des lignées normande, anglo-saxonne et écossaise, veuve d'Henri V empereur d'Allemagne épousa en secondes noces en 1128 Jeoffroy IV d'Anjou, petit fils du roi de Jérusalem Baudouin II, et fils de Foulque V d'Anjou, sponsor des templiers. Empêchée d'accéder au trône d'Angleterre en 1135, dans sa résistance au nouveau roi, elle avait tout intérêt à attaquer Geoffroy de Monmouth qui pouvait servir l'idéologie de son rival Etienne de Blois...   

Le journaliste Graham Philips a souligné dans The Search of the Grail qu'en faisant de Perceval le descendant de Joseph d'Arimathie, la saga du Graal ouvre une voie particulière de succession apostolique. Dans les romans du Graal c'est à lui que Jésus donne la coupe à la Cène et non à Pierre. Il n'est pas impossible que, parmi les 619 qu'il y avait dans le Temple selon le rouleau de cuivre 3Q15, les templiers auraient pu en utiliser un qu'ils auraient identifié au Graal, selon Lomas et Knight.

Chrétien de Troyes qui fut central dans le conte du Graal disait le tenir du comte des Flandres, lié par sa famille à Payen de Montdidier, et aux fondateurs des Templiers. Après lui des cisterciens allaient normaliser le récit en le christianisant.

Je laisse de côté les considérations sur le Suaire et sur l'hypothèse que le dernier grand maître de l'Ordre des Templiers, Jacques de Molay, aurait été enterré dans ce suaire, hypothèse tirée très abusivement d'une datation au carbone 14 de toute façon fausse, comme cela fut démontré postérieurement.

Restons en à cette étrange théorie du groupe "Deus Rex" qui aurait été à l'origine de la première croisade - une théorie partiellement reprise par Barbara Aho dans sa démonstration que j'ai exposée dans "Le Complotisme protestant".

L'Américain Jason Colavito sur son blog a fait une critique intéressante de cette théorie en soulignant à juste titre qu'elle repose entièrement, au fond, sur le témoignage de ce Français en 1994. Colavito fait remarquer qu'il est un peu court d'estimer, comme le font Lomas et Knight, que ce narratif est plausible du seul fait qu'un Français entre deux âges était peu susceptible de forger un "hoax" (canular) par lui-même. Après tout Pierre Plantard ne l'avait-il pas fait avec son Prieuré de Sion ? Wallace-Murphy a présenté la thèse du "Français" en 2000, puis a récidivé en 2008  dans "Custodians of the Truth", mais cette fois en transformant ce Français en Anglais et en le nommant "Michael Monkton". Il a reconnu avoir lancé cette histoire après avoir lu "The Holy Blood and the Holy Grail", et son contenu variait sur certains points concernant la soi-disant fécondation de Marie par un prêtre du Temple qui figurait dans la première version.

Calavito rappelle aussi à juste titre le rôle de H. Blavatsky dans la diffusion de l'idée que les Templiers pouvaient vénérer une déesse-mère et convoyer une connaissance secrète.  Pour lui, rien dans cette histoire n'est à conserver.

Pour ma part, je me demande tout de même si le volet concernant la succession apostolique de Joseph d'Arimathie vers laquelle pointerait la saga de Perceval, n'est quand même pas une piste à creuser pour en savoir plus sur quelque tradition ésotérique qui aurait pu survivre en France et en Angleterre au bas-Moyen-Age autour de l'héritage de Marie-Madeleine.

En ce qui concerne le Graal en Grande-Bretagne, notons que dans son Histoire de France (tome 3, p. 392 et suiv), en 1833, Henri Martin estimait que le succès de la figure de Joseph d'Arimathie en Angleterre peut être dû à la lecture dans les premières communautés chrétiennes de l'île de l'Evangile de Nicodème, selon lequel Joseph détacha Jésus de la croix et fut ainsi au dessus de Pierre et des autres. "Une légende extraordinaire se construisit sur cette base, explique-t-il. A côté du néo-druidisme ou druidisme mêlé de christianisme, il s'était établi, dans l'église galloise, un christianisme modifié par le druidisme, anti-augustinien, anti-romain. Dans un coin de ce christianisme gallois, à une époque que nous ne saurions déterminer, fut couvée la légende en question. Toute la religion reposait là sur une forme particulière et toute symbolique du mystère eucharistique. Joseph d'Arimathie avait recueilli le sang des plaies du Sauveur dans le vase qui avait servi à la Cène : Jésus lui-même avait confié à perpétuité la garde de ce vase à Joseph et à sa race, et le neveu de Joseph, Allan (Alain, en français), l'avait porté dans l'île de Bretagne. Ce vase avait des propriétés incomparables : il assurait à ceux qui le contemplaient la compagnie du Seigneur Jésus et es joies indicibles du ciel ; il les nourrissait d'un aliment délicieux et intarissable ; il les mettait à couvert de l'injustice et de la violence des hommes. Mais on ne pouvait le contempler sans être en état de grâce. Il disparaissait aux regards des pécheurs, et les initiés à ses mystères devaient être muets devant les profanes."

Pour Martin, les Celtes christianisaient ainsi leur culte du bassin sacré, comme d'Eckstein et de la Villemarque en leur temps avaient aussi souligné que le culte germanique de la force se projetait dans celui de la lance sacrée qui avait percé le coeur de Jésus.

"Les premiers introducteurs des traditions bardiques et du cycle d'Arthur en France, ajoute Martin, Geoffroi de Monmouth, Wace, l'auteur quel qu'il soit, de la Vie de Merlin en vers latins, l'auteur ou les auteurs des fragments de Tristan en vers français, et même Chrestien de Troies, dans le Chevalier au Lion et le Chevalier de la Charette, n'avaient pas dit un mot de cette légende. Elle paraît être arrivée parmi les clercs et les trouvères de la cour de Henri II (1133-1189) quelques années après la rédaction du Brut de Wace". En France la saga arthurienne est totalement tournée vers le Graal et tous les chevaliers de la Table Ronde sont de la race de Joseph d'Arimathie (p. 396).  Perceval est le plus ascétique, Merlin perd sa nature diabolique. Le cycle du Graal devient une arme pour christianiser la chevalerie et la rendre ascétique, mais pas dans une veine romaine puisque c'est toujours sous les auspices de Joseph d'Arimathie et non de Pierre.

Wolfram d'Eschenbach (1170-1220), templier souabe, finalement placera le Graal dans la perspective des templiers, en disant s'inspirer de Guyot de Provins, bénédictin de Cluny hostile à la papauté. Il invente le héros Titurel qui construit en Gaule du Sud un temple pour le Graal, sous la direction du prophète Merlin initié par Joseph d'Arimathie qui se calque sur le temple de Salomon (mais finalement Perceval  récupèrera le Graal et construira le temple pour lui en Inde).

Cette chevalerie du Graal, ascétique, nous dit Martin, voulait remplacer la chevalerie amoureuse, mais elle échoua. L'Eglise romaine qui condamnait le culte de la créature était elle aussi hostile à la chevalerie courtoise, et tente d'en endiguer les excès (notamment avec les tournois), Mais elle est elle-même sous la coupe des femmes mystiques comme Hildegarde ou Julienne de Mont-Cornillon. Et le culte marial ne cesse de prendre de l'importance. Alors l'Eglise choisit donc la voie du culte de Marie (et de son Immaculée conception, à laquelle Bernard de Clairvaux était hostile) plutôt que la religion du Graal de Joseph d'Arimathie que préférait la papauté. Dominicains et franciscains seront les chevaliers de cette voie.

On voit que, à la différence de Knight et Lomas, Henri Martin, lui, n'attribuait pas aux Templiers un "savoir secret" dont ils auraient hérité depuis la chute du second temple par des familles qui l'auraient conservé jusqu'au lancement de la première croisade. La "lignée apostolique" de Joseph d'Arimathie, à supposer même que l'on doive aller jusqu'à employer ce terme, serait plutôt une fiction née du croisement entre l'Evangile de Nicodème et le culte celtique des bassines sacrées. Elle aurait servi à contrer l'amour courtois en christianisant la quête chevaleresque, et n'aurait finalement été "adaptée" à l'imaginaire templier que tardivement, en 1200, sous la plume de Wolfram von Eschenbach, avant d'intégrer la franc-maçonnerie, mais ce ne serait nullement une fabrication templière. On notera aussi que chez Henri Matin Marie-Madeleine ne joue aucun rôle dans cette filiation de Joseph d'Arimathie, pas plus d'ailleurs que la dimension féminine du Graal, qui n'est pas abordée...

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L'enseignement gnostique de Manjir Samanta-Laughton sur Marie-Madeleine

23 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Sainte-Baume, #Pythagore-Isis, #Spiritualités de l'amour, #Médiums, #Christianisme

En général les New Agers/New Ageuses complètement évaporés, les artistes jouisseurs qui font semblant de s'intéresser à l'alchimie et autres doux rêveurs ne m'intéressent guère. Ils ne savent qu'étaler les délires de leur égo narcissique et ajouter à la confusion de notre époque. J'aurais classé le Dr Manjir Samanta-Laughton dans la même catégorie si je ne l'avais entendue ici dans une vidéo d'il y a dix ans fournir une critique sérieuse du livre de Lomas et Knight "The Second Messiah".

En l'entendant, je me suis dit qu'au moins elle était capable de faire fonctionner sa raison, son logos, et que donc, à supposer même qu'il y ait 80 % de mensonge dans son propos, je pourrais y trouver quelques vérités vérifiables, ou du moins des thèses dont je pourrais retrouver la "traçabilité historique".

Or, il se trouvait que cette chercheuse s'intéressait à Marie-Madeleine à l'égard de laquelle, comme le savent les lecteurs de mon livre "Les Médiums", j'ai une dette (qui que soit ou quelle que soit la mystérieuse entité qui agisse sous ce nom à la Sainte-Baume).

Parlons donc un peu de cette Manjir Samanta-Laughton, ancienne médecin généraliste, devenue bioénergéticienne.

Elle raconte dans cette vidéo "The Magdalene Prophecies 1" (un titre qu'elle a reçu par canalisation, qui doit aussi devenir celui de son livre) qu'en 2001,  au Nouveau Mexique (Etats-Unis) où elle s'était rendue pour la conférence "Science and Consciousness" d'Alburquerque qui réunissait mystiques et scientifiques, elle a rencontré une certaine Jenna Shulman qui l'invitée chez elle dans les collines de Santa Fé. "Tout d'un coup raconte-t-elle, cette fille juive et la fille hindoue que j'étais nous sommes d'un coup transformées en Marie-Madeleine et la femme qui allaient à la tombe de Jésus". A l'époque Madeleine ne représentait qu'une figure vague pour elle. "Toute la nuit il y eut une énergie qui me traversait, et nous savions toutes les deux de quelle énergie il s'agissait (...) Je devais prendre mon avion à 5 heures, mais à 3 heures nous étions encore éveillées, et toute la nuit je n'ai cessé d'avoir des visions tout le temps. Je voyais la mère de Jésus, très différente des représentations que j'en avais vues jusque là". "Un peu plus tard dans cette année, à la fin de l'automne, comme je rendais visite à une amie, elle eut un appel téléphonique et me laissa seule dans son salon avec une musique de Hildegarde de Bingen. Cette musique me fit partir en transe. Je commençai à avoir des visions Dans une j'étais avec  un groupe de gens et j'étais un jeune garçon avec des cheveux blonds bouclés qui attaquait un soldat romain. Et j'avais l'impression d'avoir déjà vu cela dans un film." Son amie eut la même vision en même temps. "Mon bras gauche est resté tendu en l'air pendant deux minutes,je ne pouvais pas le contrôler, comme si le soldat romain le tenait en l'air, ce qui me fit très mal au bras comme si ça avait duré longtemps". "Je changeai de pièce, mais dansl a cuisine de mon amie, je fus à nouveau transportée, avant la crucifixion, dans une école de mystères, celle de Marie Madeleine".  Manjir Samanta-Laughton  vante alors les pouvoirs de connaissance de cette sainte, et se perçoit comme le jeune garçon qui connaît bien Marie-Madeleine.

Puis elle a laissé cette expérience initiatique de côté, a écrit "Punk Science" et" Genius Group".

En 2003, après la sortie du Da Vinci Code (mais il n'était pas encore très connu), alors qu'elle va se coucher, elle est transportée dans la conscience de Marie-Madeleine, "quand elle accouchait" (sic)... Elle entendait ses pensées directement traduites en anglais. "Je sentais ce qui se passait dans son corps quand elle poussait le bébé, ce qui se passait dans ses hanches et tout". Elle voit un homme de 22 ans avec une barbe fine qui la regarde. Elle se dit "ce n'est pas le père de l'enfant, mais il est très proche d'elle pour être accepté dans la pièce juste après la naissance du bébé". Manjir Samanta-Laughton s'endort puis elle se réveille avec une autre vision, antérieure à cette scène : c'est le désert, avec des tentes, les femmes ont des tenues brunes et parlent un langage qu'elle ne connaît pas. Marie-Madeleine sort d'un bateau et marche vers ces tentes. Elle est enceinte et vient faire enregistrer "spirituellement" (sic) le bébé. Une femme qui ressemblait à Madonna (resic) - Samana-Laughton parle ailleurs de Katy Perry, on voit à quel imaginaire sataniste cela renvoie - lui tend un papier d'enregistrement avec des hiéroglyphes dessus.

L'homme venu à l'issue de l'accouchement, dit-elle, c'est Thomas le jumeau de Jésus. La conférencière admet que tout cela était étrange pour elle qui venait d'un univers hindouïste sans rapport avec le christianisme. Elle s'intéressa alors aux évangiles gnostiques dont celui de Jean. L'enseignement principal, dit-elle, c'est que le Dieu de l'Ancien Testament n'est pas le vrai Dieu. Sophia a créé ce monde.

Yaldabaoth, créateur du monde matériel (que Samanta-Laughton  écrit de travers Yaldaboath, et le prononce aussi de travers, ce qui ne fait pas très sérieux), est le démiurge, dieu du chaos, YHWH, qui a oublié sa mère Sophia, mais celle-ci a placé l'étincelle divine dans l'humain.

Les êtres reptiliens comme le serpent à plume existent dans toutes les civilisations, comme des initiateurs mais aussi ennemis potentiels des hommes. Elle se réfère aussi, à l'écossais Graham Hancock, défenseur de l'ayahuasca, sur les neter dieux qui gouvernèrent l'Egypte par le passé. Elle défend l'idée de cycles des âges 26 000 de l'âge d'or à l'âge sombre qui revient suivant une courbe sinusoïdale.

Elle dit qu'elle a voyagé dans des "dimensions lémuriennes" qui sont en fait encore là. 2012 était la fin d'un cycle selon les Mayas. Il y a un effet d'accordéon qui fait que le voile va devenir fin à nouveau et les dieux vont devenir physiques à nouveau. L'Ancien Testament lui aussi témoigne de cette évolution sinusoïdale (elle dit "en spirale" mais ce n'est pas ce que montrent ses illustrations), et de l'intervention d'êtres d'autres dimensions. Manjir Samanta-Laughton parle aussi des "anciens astronautes" qui pour elle sont des anciens êtres interdimentionnels (voir mon livre sur les Nephilim : au fait je précise que Michael Heiser, que mon livre sur les Nephilim citait beaucoup, est mort le 20 février dernier d'un cancer du pancréas). Elle aborde le thème de la vente de l'âme au diable à travers cette problématique d'une transaction avec des énergies transdimensionnelles qui sont "hidden in plain sight" dans la culture et les représentations qui nous entourent.

A la lumière de ses théories sur les trous noirs et les dimensions interdimensionnelles, elle va expliquer dans une conférence sur le Suaire de Turin ici, que le Christ a émergé d'un "jet bipolaire", avec une collision de la matière avec l'anti-matière (à1h51 de la vidéo), ce qui a pu créer une image en négatif de son corps, l'anti-matière a pu l'emporter sur la matière créant une antigravité, à un moment où s'inversait le mouvement sinusoïdal du périgée de la chute dans l'Age sombre. Selon les gnostiques Jésus venait du royaume de Barbelo, royaume de la conscience. Il aurait par sa mort et sa résurrection traversé un jet bipolaire de trou noir envoyant une information dans l'univers holographique (voir le livre du Père Brune sur cette notion) provoquant une ascendance vers un nouvel Age d'Or.

Evidemment pas d'Apocalypse dans ce dispositif, pas de fin des temps, pas de pardon des péchés. Ca a un vernis scientifique un peu plus élaboré que les youtubeuses New Age ordinaires (vernis que je ne peux pas juger, mais que sans doute les vrais scientifiques contesteraient) et c'est un peu plus construit que le Manuscrit de Marie-Madeleine. Mais personnellement je ne suis pas convaincu du tout, et je n'ai pas (encore) trouvé d'aspects réellement exploitables ou à retenir dans cet enseignement. Le Père Brune qu'on citait plus haut avait lui au moins le mérite, tout en s'ouvrant aux considérations "quantiques" de maintenir le message moral du christianisme qui chez Samanta-Laughton est complètement élidé, pour laisser place à une attente sans discernement du contact avec des créatures de l'au-delà (avec le lot de tromperies et de possessions que cela implique). Bref, selon moi c'est du pur égarement.

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Saint Paul et le stoïcisme

14 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Philosophie, #Christianisme

Carol Korak, enseignante d'un séminaire baptiste de Minneapolis, écrivait il y a 11 ans dans son article "The Influence of Philosophy in Early Christianity" :

"Lorsque Paul écrivait sa lettre aux Romains (vers 55‐58 de notre ère), Sénèque était  conseiller du jeune Néron.


   Thorsteinsson soutient que Paul, tout en proclamant le bien nouvelles, modifie les composants standard de l'éthique stoïcienne du premier siècle pour un plus spécifique application au sein de la communauté chrétienne, et j'offrirai plusieurs de ces exemples.

Premièrement, il fonde cette conclusion sur ce qu'il considère être des allusions claires au la termonoligie stoïcienne standard. Par exemple, l'utilisation par Paul de λογικος, pour définir la bonne façon dont les chrétiens doivent servir Dieu, fait allusion à la façon dont les stoïciens décrivent les relations entre l'homme, comme doté de raison (λογικοι), et Dieu comme λογος.

Deuxièmement, un autre parallèle peut être observé entre Sénèque,
Les idées très similaires d'Épictète et de Paul sur le culte. Pour les trois, adorer convenablement signifie s'efforcer de suivre et d'imiter Dieu, qui définit ce qui est moralement bon. Pour Epictète, c'est être guidé par la « Loi de Zeus »56 ; et pour Sénèque, cela signifiait se consacrer entièrement à un mode de vie et vision du monde :

"L'honneur qui est rendu aux dieux ne réside pas dans les victimes pour le sacrifice, bien qu'elles soient grasses et scintillantes d'or, mais dans le désir droit et saint des adorateurs. Les hommes bons doivent dont plaire aux dieux avec une offrande de farine et de bouillie; le mauvais par contre, n'échappent pas à l'impiété bien qu'ils teignent les autels avec des flots de sang." (Sénèque, "De Beneficiis," 1.6.3)


Dans Romains 12 : 1, Paul enseigne aux chrétiens qu’un culte convenable n’exige plus un sacrifice littéral de leur corps, mais qu'ils doivent vivre leur vie comme une incarnation de la volonté et des voies de Dieu dans le monde.

Troisièmement, il existe une similitude entre l'importance que le stoïcisme accorde à la nécessité de la transformation de l'esprit, comme fondement nécessaire à la vie morale, et l'appel de Paul à la transformation par le renouvellement de l'esprit dans Romains 12:2. 58

Selon Sénèque, « Celui qui a appris et compris ce qu'il doit faire et éviter, n'est pas un homme sage tant que son esprit ne prend pas la forme de ce qu'il a appris. » ("Epistulae Morales," 94.47‐8)


  Autrement dit, pour les deux, Sénèque et Paul, vivre des vies transformées confirme  la transformation intellectuelle. La différence entre les deux est que pour Paul cela commence par une transformation spirituelle, qui débute par le séjour du Saint-Esprit.

Quatrièmement, l'éthique stoïcienne du premier siècle est centrée sur les quatre vertus traditionnelles - la prudence (φρονσις), modération ou maîtrise de soi (σοφρουνη), justice (δικαιοσυνη) et courage (ανδρεια).
 
  Sénèque affirme que le but premier de la philosophie est d'offrir une direction aux gens,
au sein de la société, pour parvenir à une société dans laquelle l'unité et le soin mutuel se répandent.
 
  Selon Runar Thorsteinsson, l'appel de Paul à l'humilité et à la modération (Romains 12:1-6) des membres du corps de Christ, et son accent sur les dons individuels et la fonction donnée par Dieu pour le bénéfice de l'ensemble, coïncide avec l'éthique du stoïcisme du premier siècle.
 
  En plus de cela, la description de Paul du Christ comme le chef de l'église, et le l'Église comme son corps, est analogue à celui utilisé par Sénèque qui décrit Néron, comme le chef de l'empire, et appelle ses citoyens à agir avec humilité, modération et amour envers un
autrui. ( "De Clementia," 1.21.4; 1.11.2; 1.4.3; 1.5.1)


  Sénèque écrit :
"Et si les mains désiraient blesser les pieds, ou les yeux les mains ? Comme tous les membres de
corps sont en harmonie avec un autre parce que c'est à l'avantage de l'ensemble que les membres individuels soient sains et saufs, de sorte que l'humanité devrait épargner l'homme individuel, car tous sont nés pour une vie de camaraderie, et la société ne peut être sauvée que par la protection mutuelle et l'amour de ses parties"


Ces métaphores partagent non seulement un langage et une forme parallèles, mais les principes sous-jacents de ces métaphores sont les mêmes : 1) elles illustrent que le tout dépend de ses parties ; et 2) ils enseignent chacun le principe stoïcien de l'humanité universelle - chaque être humain est sacré.


L'appel de Paul dans Romains 12:14 pour bénir ceux qui vous persécutent, reflète également l'enseignement stoïcien. Cela pose la question de savoir si les enseignements de Paul peuvent ou non avoir leurs racines dans les enseignements de Jésus. Stanley Stowers souligne, cependant, que si Paul savait que Jésus avait un tel enseignement, il n'utilise pourtant pas l'idée que Jésus était un maître d'éthique même si plus tard les enseignements trouvés dans Matthieu et Luc recouperont plus tard ses propres enseignements.65

A la fois Épictète et Musonius plaident contre la vengeance, et dans le cas d'Épictète, il appelle même à la compassion (Epictète, 3.22.54. Musonius Rufus, "Fragment 41.136.").


Cinquièmement, dans Romains 13 : 8‐10, Paul réitère de nombreux commandements donnés à Moïse qui parlent de vivre en communauté, mais soulignent l'importance de l'amour envers
voisin comme accomplissant la loi. Cela coïncide avec l'enseignement moral de Sénèque, qui dit que l'on doit vivre pour son prochain, [comme] si l'on voulait vivre pour soi-même.67

  Mettre les besoins des autres sur le même niveau d'urgence que soi-même contribue également à affirmer le caractère sacré de toute l'humanité.


Enfin, la compréhension stoïcienne des choses indifférentes pourrait expliquer le raisonnement de Paul pour maintenir sa condition ou sa situation dans I Corinthiens 7:17‐20."

Évidemment la similitude entre Paul et les stoïciens de son temps peut trouver trois éléments d'explication non exclusifs entre eux : 1) Paul les avait entendus et lus à Tarse, ville de philosophes, et d'ailleurs c'est pourquoi il va encore dialoguer avec eux à Athènes, 2) il y a une sorte de phénomène de "champ morphogénétique" à la Sheldrake autour de l'apparition de ces idées, 3) c'est l'action simultanée du Saint-Esprit à la fois à Rome chez les philosophes et dans le monde hellénophone où Paul déploie sa prédication.

A rapprocher par exemple du fait que l’année même où la figure de proue du catholicisme libéral le RP Lacordaire installait les dominicains à Saint Maximin et publiait un livre sur Marie-Madeleine qui consacrait une part importante à la résurrection de Lazare son frère, comme paradigme du pouvoir de l’amitié, en 1859, le socialiste Pierre Leroux en exil à Jersey allait méditer dans le tome 2 de la Grève de Samarez (p. 394 et suiv) sur cette résurrection de Lazare (qu’il n’avait fait qu’effleurer dans De l’Humanité en 1840) pour y puiser sa définition des relations entre les deux sexes.

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Un sonnet étrange sur l'Immaculée conception

12 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées

Entendu hier sur la chaîne "Sur les Pas du Padre Pio" un récit qui selon le présentateur "donne la chair de poule" à un catholique (mais qui sans doute donnerait la nausée à un protestant) : il est extrait des mémoires du célèbre exorciste romain le P. Gabriel Amorth (1925-2016), et figure aussi sur le site Aletheia.

En 1823, à Ariano Irpino,un jeune homme est possédé. Deux dominicains réalisent l'exorcisme, et forcent le démon, pour l'humilier, à démontrer que Marie est immaculée et de le faire sous forme de sonnet (à rapprocher peut-être de ce que j'écrivais il y a 7 ans sur un exorcisme de 1610 à la Sainte-Baume, je referme la parenthèse). Voici quel en fut le résultat.

« Je suis la vraie Mère d’un Dieu qui est Fils
et je suis fille de Lui, bien que sa Mère.
Il est né de toute éternité, et c’est mon Fils,
Dans le temps je suis née, et pourtant je suis sa Mère.
Il est mon créateur et il est mon Fils
Je suis sa créature et je suis sa Mère.
C’est un prodige Divin que soit mon Fils
un Dieu Éternel, et de m’avoir pour Mère.
L’être est presque commun entre Mère et Fils
parce que l’être, c’est de son Fils que l’eut la Mère,
et l’être de la Mère, l’eut aussi le Fils.
Or si l’être du Fils l’eut la Mère,
Ou bien on dit que fut maculé le Fils
Ou sans tache on dira la Mère »

Je me garderai évidemment de tout commentaire sur ce texte étrange qui fut transmis trente ans plus tard au pape Pie IX qui proclama le dogme de l'Immaculée conception.

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Sur la magnétisation de l'eau

3 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Le Dr Alexandre Baréty (1844-1918) un jour magnétisa, sans qu'on s'en aperçut, de l'eau dans un vase et ordonna ensuite à une jeune fille d'y tremper la main. Elle le fit et s'endormit. Il sortit alors la main de la jeune fille, et souffla sur l'eau ; puis il fit remettre la main dans l'eau, sur quoi la jeune fille se réveilla en sursaut. S'il prenait de l'eau ordinaire, qu'elle croyait cependant être magnétisée, le sommeil ne venait pas. S'il laissait tomber une goutte d'eau magnétisée sur sa langue; celle-ci se raidissait. S'il lui jetait un peu d'eau au visage, elle s'endormait aussi.

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Un cas de télépathie arrivé à Goethe

3 Février 2023 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Anthropologie du corps

Goethe se promenait un soir d'été pluvieux avec son ami K., revenant avec lui du Belvédère, à Weimar. Tout à coup le poète s'arrête, comme devant une apparition, et allait lui parler. — M. K. ne se doutait de rien. — Soudainement, Goethe s'écria :« Mon Dieu I si je n'étais sûr que mon ami Frédéric est en ce moment à Francfort, je jurerais que c'est lui !... » Ensuite il poussa un formidable éclat de rire. — « Mais, c'est bien lui... mon ami Frédéric I Toi ici, à Weimar? Mais, au nom de Dieu, mon cher, comme te voilà fait, habillé de ma robe de chambre... avec mon bonnet de nuit... avec mes pantoufles aux pieds, ici, sur la grande route ? ... » K. ne voyait absolument rien de tout ceci, et s'épouvanta, croyant le poète atteint subitement de folie. Mais Goethe, préoccupé seulement de sa vision, s'écria, en étendant les bras: « Frédéric I Où as-tu passé... Grand Dieu !... mon cher K... n'avez-vous pas remarqué où a passé la personne que nous venons de rencontrer? »... K., stupéfait, ne répondait rien. Alors le poète, tournant la tête de tous les côtés, s'écria d'un air rêveur : « Oui! je comprends... c'est une vision... Cependant, quelle peut être la signification de tout cela? Mon ami serait-il mort subitement?... serait-ce donc son esprit ? »

Là-dessus Goethe rentra chez lui, et trouva Frédéric à la maison... Les cheveux se dressèrent sur sa tête : « Arrière, fantôme I » s'écria-t-il en reculant, pâle comme un mort. — Mais, mon cher, est-ce là l'accueil que tu fois à ton plus fidèle ami ?... — Ah l cette fois, s'écria le poète, riant et pleurant tout à la fois, ce n'est pas un esprit, c'est un être de chair et d'os », et les deux amis s'embrassèrent avec effusion. Frédéric était arrivé au logis de Goethe, trempé par la pluie, et il s'était revêtu des vêtements secs du poète; ensuite, il s'était endormi dans son fauteuil et avait rêvé qu'il allait à la rencontre de Goethe et que celui-ci l'avait interpellé avec ces paroles (les mêmes que celles qu'avait prononcées le poète) : « Toi ici, à Weimar?... Quoi?... avec ma robe de chambre... mon bonnet de nuit... et mes pantoufles, sur la grande route ?... » De ce jour, le grand poète crut à une autre vie après la vie terrestre.

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