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Articles avec #anthropologie du corps tag

La presse au service de Pan

31 Juillet 2018 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

L'engagement en faveur de la masturbation féminine du journal Le Monde se confirme. Le 2 octobre 2016 ce journal qui autrefois était un média de référence sous la plume d'une certaine Maïa Mazaurette avait publié un article dont le seul titre en disait long "Et si on prenait enfin la masturbation au sérieux ?". Aujourd'hui dans un grand magasin de presse de Niort (79), je tombe sur un "Sens et santé" appartenant au groupe "Le Monde", encourage à "découvrir les secrets du clitoris". Quand on sait quelles forces spirituelles se cachent derrière tout cela, ça fait froid dans le dos...

Cette boutique bien achalandée mettait aussi en valeur la revue de la Nouvelle Droite "Eléments" qui faisait sa "une" sur l'érotisme, au milieu de l'Huma dimanche, et du Monde Diplomatique. Inhabituel ... Bien sûr aucune revue religieuse.

La presse m'a beaucoup cité ce mois-ci (voir le blog de mon livre sur la nudité) : les Inrockuptibles, Planet.fr, Têtu. Pas toujours dans l'esprit de ce que j'ai dit. Mais who cares..

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Olivia Gazalé sur Europe 1

22 Juillet 2018 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Histoire des idées

Olivia Gazalé chez Raphael Enthoven en rediffusion aujourd'hui sur Europe 1. Une contrevérité toutes les deux minutes. "Aristophane fait dire ça à Platon dans une de ses comédies, c'est donc bien la preuve que c'est ce que les Grecs pensaient". Bah non Mme Gazalé, Aristophane écrivait des comédies burlesques, donc les propos qu'il prête à Platon sont juste là pour amuser le public. "Les relations entre hommes n'étaient pas considérés comme une pathologie chez les Grecs". Mais alors Mme Gazalé pourquoi Hérodote appelle-t-il cela "la maladie des garçons" et en fait-il remonter l'origine à la guerre de Troie ? Vous savez messieurs et mesdames des médias, parfois cela fait beaucoup de bien de laisser l'idéologie de côté.

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Existe-t-il des massages chrétiens ?

8 Avril 2018 , Rédigé par CC Publié dans #Massages, #Anthropologie du corps, #Christianisme

Mes recherches en sociologie du corps (notamment mon livre sur les massages chinois) et en sociologie des religions (notamment mon livre sur les médiums), me font aujourd'hui croiser une question : des massages chrétiens sont-ils envisageables compte tenu du rapport à la "chair" particulier qu'implique le message christique.

Tout d'abord il convient bien sûr de préciser que la chair dans le christianisme n'est pas le corps, mais une notion plus vaste qui englobe toutes les intentions et volitions purement personnelles qui ne sont pas parfaitement en ligne avec la volonté divine. De là on peut déduire que le corps peut malgré tout oeuvrer à son bien-être pourvu que cela ne soit mis au service de l'Ego (de la chair), mais d'une capacité à mieux servir le créateur. C'est ce que certaines tendances "hérétiques" du christianisme font (et notamment certaines branches new-age souvent influencées par les philosophies orientales et/ou les évangiles apocryphes), mais aussi des courants qui se veulent très "scripturaires", fidèles aux Ecritures canoniques.

C'est le cas d'un réseau de masseurs "Christian Massage" que j'ai trouvé récemment, situé dans l'Indiana, et qui comprend des masseurs américains, australiens et britanniques. Il appuie ses principes sur Matthieu 22:37 "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée."

Pour autant on peut douter du fait que ce réseau suive une ligne "orthodoxe"... Dans son glossaire, il reprend à son compte des notions de médecine orientale (Chi, Ki, Prana) qui pour la plupart sont initialement indexée à des systèmes de pensée païens que le christianisme "classique" associe à un travail avec les démons. L'ancien médecin franc-maçon converti au catholicisme Maurice Caillet déclarait dans ses conférences que tout travail énergétique exposait à la manipulation de forces spirituelles dangereuses. Le réseau Christian Massage, lui, ne questionne pas les dangers possibles de ces traditions pour les chrétiens, et essaie seulement de les resituer (dans son glossaire) dans une perspective biblique, pour préciser que " la bible déclare que l'humanité a été imbibée d'une force de Dieu, le Saint-Esprit et que de cette force toutes les choses coulent. Dans toute la Bible, de nombreux exemples de guérison mentale, physique et émotionnelle sont documentés impliquant Jésus ainsi que d'autres dont la Foi (concentration mentale) et, dans la plupart des cas, l'imposition de mains (toucher physique), combinée avec les énergies innées du patient a pu aboutir à des résultats vraiment miraculeux."

L'explication "énergétique" des miracles a l'air très New age, de même que la référence aux synchronicités (la fameuse formule : on pense à un ami et il nous appelle parce qu'on est connecté à son énergie à travers l'univers). Puis le glossaire glisse vers une justification plus rationaliste des massages : les muscles retiennent le flux sanguin, les toxines ne sont pas éliminées etc. Il insiste sur la nécessité de restaurer des interactions humaines par le toucher qui restaure des équilibres. Il conclut sur une apologie de la réflexologie inventée par Murray Leinster alias William Fizgerald...

Sauf que ce Murray Leinster, par ailleurs auteur de romans de science fiction, n'était pas vraiment un chrétien très "recommandable"...

Leur forum de discussion mérite un coup d'oeil http://mindbodyspiritforum.info/user/Discussions.aspx?id=133761

Voilà qui rejoint les problématiques autour de Ste Hildegarde  http://www.chemins-sainte-hildegarde.fr/massage-non-medical/

Je reste très réservé sur ce sujet. Car un massage vous met au contact du corps éthérique du masseur. Si cela se fait dans une perspective hédoniste, sans un esprit de stricte obéissance à Dieu, cela ne peut qu'attirer des esprits mauvais que l'on ne ressentira pas forcément tout de suite mais qui, comme les médiums, vous tireront à terme vers le bas et risquent de vous faire avoir de gros problèmes et vous feront manquer des chances critiques d'obtenir le salut et de vous élever à des moments clés de votre existence, de celle de vos proches, ainsi qu'au jour du Jugement dernier.

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Quand Jean de Léry se comparait au prophète Elie

9 Décembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Anthropologie du corps

Je trouve plaisant ce passage du navigateur protestant Jean de Léry extrait du chapitre XVI de son Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil (1580) où, devant le culte que les amérindiens vouent aux maracas, il se compare et égratigne au passage les superstitions catholiques parisiennes. Il aurait pu s'appuyer aussi sur Ez 28:13 (voir la vidéo ici en minute 54, même si beaucoup de propos de ce conférencier sont souvent très contestables).

"Pour retourner à nos Caraïbes, ils furent non seulement ce jour-là bien receus de tous les autres sauvages, qui les traitterent magnifiquement des meilleures viandes qu’ils peurent trouver, sans selon leur coustume, oublier de les faire boire et caouiner d’autant : mais aussi mes deux compagnons François et moy qui, comme j’ay dit, nous estions inopinément trouvez à ceste confrairie des Bacchanales, à cause de cela, fismes bonne chere avec nos Moussacats, c’est à dire, bons peres de famille qui donnent à manger aux passans. Et au surplus de tout ce que dessus, apres que ces jours solennels (esquels, comme j’ay dit, toutes les singeries que vous avez entendues se font de trois en trois ou de quatre en quatre ans entre nos Toüoupinambaoults) sont passez et mesmes quelques-fois auparavant, les Caraïbes allans particulierement de village en village, font accoustrer des plus belles plumasseries qui se puissent trouver, en chacune famille trois ou quatre, ou selon qu’ils s’advisent plus ou moins, de ces hochets ou grosses sonnettes qu’ils nomment Maracas : lesquelles ainsi parées fichans le plus grand bout du baston qui est à travers dans terre, et les arrangeans tout le long et au milieu des maisons, ils commandent puis apres qu’on leur baille à boire et à manger. De façon que ces affronteurs faisans accroire aux autres povres idiots, que ces fruicts et especes de courges, ainsi creusez, parez et dediez, mangent et boivent la nuict : chasque chef d’hostel adjoustant foy à cela, ne faut point de mettre aupres des siens, non seulement de la farine avec de la chair et du poisson, mais aussi de leur bruvage dit Caouin. Voire les laissans ordinairement ainsi plantez en terre quinze jours ou trois semaines, tousjours servis de mesme, ils ont apres cest ensorcelement une opinion si estrange de ces Maracas, (lesquels ils ont presques tousjours en la main) que leur attribuant quelque saincteté, ils disent que souventesfois, en les sonnans un esprit parle à eux. Tellement qu’en estans ainsi embabouynez, si nous autres passans parmi leurs maisons et longues loges, voiyons quelques bonnes viandes presentées à ces Maracas : si nous les prenions et mangions (comme nous avons souvent fait) nos Ameriquains estimans que cela nous causeroit quelque malheur, n’en estoyent pas moins offensez que sont les supersticieux et successeurs des prestres de Baal, de voir prendre les offrandes qu’on porte à leurs marmosets, desquelles cependant au deshonneur de Dieu, ils se nourrissent grassement et oysivement avec leurs putains et bastards. Qui plus est, si prenans de là occasion de leur remonstrer leurs erreurs, nous leur disions que les Caraibes, leur faisant accroire que les Maracas mangeoyent et beuvoyent ne les trompoyent pas seulement en cela, mais aussi que ce n’estoit pas eux, comme ils se vantoyent faussement, qui faisoyent croistre leurs fruicts et leurs grosses racines, ains le Dieu en qui nous croyons et que nous leur annoncions : cela derechef estoit autant en leur endroit, que de parler par deça contre le Pape, ou de dire à Paris que la chasse de saincte Genevieve ne fait pas pleuvoir. Aussi ces pippeurs de Caraïbes, ne nous haissans pas moins que les faux prophetes de Jezabel (craignans perdre leurs gras morceaux) faisoyent le vray serviteur de Dieu Elie, lequel semblablement descouvroit leurs abus : commençans à se cacher de nous, craignoyent mesme de venir ou de coucher és villages où ils sçavoyent que nous estions."

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Les seins au Grand siècle

9 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Des journalistes, sous l'influence d'un certain féminisme, me demandent parfois si les seins sont des organes sexuels.

Pour éclairer la question, un petit détour par le Grand Siècle français :

La Princesse Palatine (et non pas Saint-Simon comme l'écrit par erreur Aimé Richardt dans son livre sur Bossuet en p. 150), n'hésitait pas à traiter Mlle Choin (Marie-Thérèse Emilie Joly de Choin dite "la Chouin"), favorite du Grand Dauphin dans les années 1690 de "vieille guenipe" dans une lettre à la princesse de Galles, et, dans une lettre à la princesse Louise, elle ajoute  « Elle était petite elle avait de petites jambes, un visage rond, un nez court et relevé, une grande bouche remplie de dents pourries qui avaient une puanteur telle qu'on pouvait la sentir à l'autre bout de la chambre. Elle avait une gorge horriblement grosse, cela charmait Monseigneur, car il frappait dessus comme sur des timbales. » Les timbales étaient des tambours à caisse d'airain, pour l'usage de la cavalerie, attachés de chaque côté de la selle du timbalier. Les régiments, dit Furetière, n'ont droit d'avoir des timbales que quand ils les ont conquises, ou tant qu'ils les conservent... Les gros seins plaisaient donc au Grand Dauphin.

Et dans le "Médecin malgré lui" de Molière au début de la scène IV de l'acte II, Sganarelle s'exclame devant la nourrice Jacqueline: "Ah ! nourrice ! charmante nourrice, ma médecine est la très humble esclave de votre nourricerie ; et je voudrais bien être le petit poupon fortuné qui tétât le lait de vos bonnes grâces" et il lui porte la main sur le sein. Donc, pas de doute, on voit bien à quoi les seins servaient à l'époque de Louis XIV...

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L'Aphrodite ouranienne nue et l'Aphrodite Pandemos habillée

30 Septembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Anthropologie du corps, #Nudité-Pudeur en Europe, #Philosophie, #Spiritualités de l'amour

Dans un commentaire sous mon billet "Le néo-platonisme est-il chrétien ?", le lecteur Hyarion me demandait de préciser ma remarque sur l'Aphrodite ouranienne nue et l'Aphrodite Pandemos habillée qui selon lui pourraient être toutes deux indifféremment nues.

Dans la limite de mon faible temps de disponibilité ce matin, je vais donc détailler ce point tout en précisant que je ne suis pas érudit en matière d'art antique ou d'art de la Renaissance. J'ai seulement croisé la problématique de la nudité dans les arts visuels (dans mon livre "La nudité pratiques et significations") à travers les réflexions profondes de François Jullien dans son dialogue original (mais controversé) avec l'art chinois et à travers la problématique pythagoro-platonicienne de la mathématisation du beau, plus deux ou trois lectures comparatives sur la nudité des dieux dans des cultures périphériques au monde greco-latin, et une réflexion sur Andromède que j'ai postée sur ce blog, bref, assez pour me donner deux ou trois intuitions, mais insuffisamment pour avoir un recul véritable par rapport à ce que je vais exposer ici (sauf le recul de mon expérience auprès des médiums relatée dans mon dernier livre paru chez L'Harmattan et qui est lié à la problématique de la nudité).

Le savoir que j'expose ici, je le tire d'Edgar Wind, "Mystères païens de la Renaissance" chapitre VIII, un livre anglais de 1958 qui s'inscrit dans la même veine d'intelligence que le "Les Grecs et l'irrationnel" d'ER Dodds quoiqu'il porte sur une période différente.

Voici donc ce que nous apprend Edgar Wind et qui mérite sans doute d'être médité.

Je vais tenter de l'exposer en des termes compréhensibles par tout le monde, quoique le sujet soit censé en réalité être très complexe et source d'un savoir hermétique, occulte, dont un esprit de notre époque ne peut nécessairement entrevoir que la face émergée.

A la base donc, il y a deux Vénus, ou deux Aphrodites. La Vénus du peuple ou de tout le monde (Venere vulgare) ou Aphrodite Pandemos, qui est la fille du roi des dieux Jupiter/Zeus et la Venus céleste (Venere celeste) ou Aphrodite Ourania, fille du dieu du ciel Ouranos. L'une est née de l'accouplement de Zeus avec Dioné la déesse grecque de la beauté, l'autre de la castration d'Ouranos dont le sperme forme l'écume de la mer d'où sort Venus (Wind p. 153).

L'opposition entre les deux nait des spéculations orphiques (ce mouvement poétique et religieux venu de Thrace et peut-être du chamanisme qui irrigua la culture grecque à partir du VIe s av JC), sachant que la castration d'Ouranos est une des figures du démembrement de Dionysos (ou d'Osiris), c'est-à-dire le démantèlement de la pureté du divin dans la matière.

Les platoniciens de la Renaissance florentine Politien, Marsile Ficin et Pic de la Mirandole méditèrent sur cette opposition entre les deux Vénus. Et cela aboutit aux deux tableaux de Botticelli, disciple de Ficin, Le Printemps et la Naissance de Vénus, qui provenaient de la même villa, celle de Lorenzo di Pierfrancesco de' Medici (p. 146) et se comprenaient donc par un effet de miroir. Dans "Le Printemps" ci-dessus est représentée au centre la Venus vulgaire, habillée, et dans "La Naissance de Vénus" (ici à droite), c'est la Vénus céleste.

Pourquoi la Vénus de tout le monde, qui "dans un bocage qu'illuminent des fruits d'or, préside avec douceurs aux rites de la Primavera" (p. 153) est-elle vêtue alors que la Venus céleste est nue ? Parce que "dans l'échelle platonicienne des choses, il s'agit d'une descente, d'une vulgarisation ; car la richesse de couleurs et la diversité de formes qui ravissent l'oeil lorsqu'il perçoit la beauté ne sont qu'un voile derrière lequel se cache la splendeur de la beauté céleste pure".

Plus on est dans le dépouillement de la nudité, et plus on est dans le divin. C'est pourquoi dès l'Antiquité par exemple, en ce qui concerne les trois grâces qui sont une émanation de Vénus, on finit par les parer de voiles transparents, puis, dès l'époque romaine, à les représenter nues, car on préférait toujours l'absence de vêtements pour illustrer la pureté divine (ce qu'on avait déjà vu avec les spéculations de François Jullien sur le sujet).

J'ajouterai que, selon Wind, et contrairement à ce qu'a voulu nous faire croire un documentaire diffusé sur Arte il y a quelques années (méfiez vous des simplifications outrancières de la télé), ce mystère n'est pas incompatible avec le christianisme intégriste de Savonarole qui avait été disciple de Ficin, mais je referme là la parenthèse.

Wind insiste sur le fait que cela ne signifie pas que la Vénus vulgaire "est purement sensuelle et n'a point part à la gloire céleste" puisque chez Platon, rappelle Pic, la beauté terrestre a à la fois un versant bestial et un versant humain. L'instinct bestial veut nous faire jouir érotiquement de la beauté terrestre mais l'amant humain "reconnaîtra que la Vénus qui paraît habillée d'un vêtement est une image de la Vénus céleste" (comme la souligné Plotin en appelant Vénus l'âme plongée dans la matière).

On peut aussi remarquer que, dans le système de Pic de la Mirandole disciple (infidèle) de Ficin, la Vénus céleste quant à elle, est d'autant plus divine qu'elle médiatise en elle-même deux opposés (le sang de la castration et l'écume de la mer), comme les grâces dans sa dialectique presque pré-hegelienne (mais Hegel et Pic ont puisé aux mêmes sources platoniciennes), conformément à l'idéal de réunion dans deux opposés dans un moyen terme tiers qu'incarnent les trois grâces.

Mais avec le système ternaire subtil de Pic, l'amour terrestre est aussi ternaire puisqu'il a deux composantes, céleste et animale, avec une troisième humaine qui en assure le moyen terme, de sorte qu'on pourra même parler d'un amour "céleste humain", qui apparente l'Aphrodite terrestre à son Idée céleste.

Botticelli (1445-1510) n'est pas le seul à avoir pris le parti de vêtir l'Aphrodite Pandemos en dénudant la l'Aphrodite Ourania.

Silvestro Calandra (1450-1503) à Mantoue mentionne "deux Vénus, l'une drapée, l'autre nue" dans une lettre où il décrit une toile de Mantegna achevée par Costa, La Légende du Dieu Comus, qui se trouve maintenant au Louvre. Dans une note de bas de page qui renvoie à un autre de ses livres (Bellini's Feast of the Gods p. 47), Wind fait remarquer que "dans cette œuvre, la caractérisation des deux Vénus ne laisse aucun doute sur le fait que, quoique inférieure à la nue, la Vénus habillée est aussi la plus humble des deux", ce qui dans mon esprit renvoie au livre dirigé par Masquelier que je cite dans "La nudité, pratiques et significations", qui lie habillement et modestie (en anglais, modesty c'est aussi la pudeur). Sous des cieux chrétiens cela rendrait aussi la Vénus "inférieure" au moins visuellement plus vertueuse... bref, on peut nuancer et complexifier à loisir.

Le parti pris de ce courant néo-platonicien de dénuder la seule Aphrodite céleste (celle qui est la moins matérielle) est un cas isolé de l'histoire de l'art, mais il me semble rendre le plus justice à l'essence du platonisme, voire, dans la logique de François Jullien, à l'essence de la pensée grecque, même si c'est ce qui peut sembler le plus contre-intuitif à notre époque.

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Un culte isiaque qui finit en prison

17 Septembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Pythagore-Isis, #Anthropologie du corps, #Nudité-Pudeur au P.O. et au Maghreb

La modèle belge Maria Papen se fait de la publicité en se dénudant devant les pyramides, ce qui l'a conduite le 1er septembre dernier aux portes de la prison. "Je pense que vous avons créé quelque chose dont Cléopâtre aurait été fière" conclut-elle dans sa narration. Cléopâtre (qui se faisait appeler Nouvelle Isis) et Isis elle-même qui figure sur son blog... Pour mémoire dans le prestigieux magasin Les Drapeaux de France au Palais Royal la figurine la plus chère (à plus de 600 euros) est une princesse égyptienne nue. Certes pour les puristes (et pour un Plutarque par exemple) ces dénudations intempestives ne sont que des formes abâtardies d'isiacisme, mais elles se rattachent tout de même aux énergies de ces cultes anciens d'une manière détournée et certains gourous inspirés par les forces égyptiennes comme Aleister Crowley ne les eussent sans doute point désavouées.

Divers médias parlent en tout cas ces derniers temps de cette incarcération de la célébrité, de Lenta.ru en Russie à Fox News aux USA en passant par le Times of India en Inde. Beaucoup en font un argument contre le régime d'Al-Sissi, et tracent un lien idéologique (contestable) entre le sort de l'actrice occidentale et les sévices qu'endurent les femmes autochtones brutalisées dans ce pays.

Elue plus belle femme en 2016, elle avait été interdite d'Instagram pour ses photos trop explicites.

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"Du sport à la scène - Le naturisme de Georges Hébert" de Pierre Philippe-Meden

10 Septembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Utile aux travaux sur l'histoire sociale du corps au XX e siècle :

Du sport à la scène - Le naturisme de Georges Hébert (1875-1957)
de Pierre Philippe-Meden - Presses Universitaires Bordeaux, juin 2017

Alors que la Méthode Naturelle d'éducation physique, virile et morale du lieutenant de vaisseau Georges Hébert (1875-1957) semblait rejetée depuis les années 1960 dans les oubliettes de l'histoire du sport, un intérêt nouveau émerge autour d'elle au début du XXIe siècle pour les experts en entraînement physique militaire et sportif, autant que pour les athlètes alternatifs du "parkour", du "freerunning", du "paléo-fitness" et d'autres sports à l'état vif.


Or, l'oeuvre d'Hébert n'est pas réductible a la Méthode Naturelle. L'hébertisme est un modèle d'enseignement holiste composé d'un entraînement complet, d'un apprentissage des métiers manuels courants, d'une culture mentale et morale, d'une culture intellectuelle, d'une culture esthétique et d'une initiative naturiste. D'où l'intérêt qu'elle suscita dans les milieux les plus divers depuis la vie ouvrière à la danse et au théâtre en passant par le scoutisme, l'ésotérisme chrétien, les sciences...


Ce livre repose sur une analyse descriptive approfondie du principal organe de propagande hébertiste : la revue L'Education Physique. Il revient sur les fondements épistémologiques de l'hébertisme au moment de la redécouverte du corps à la fin du XIXe siècle et à l'époque des totalitarismes dans l'entre-deux-guerres.

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