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Articles avec #anthropologie du corps tag

La danse des grues

26 Mai 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Histoire secrète

Nerissa Russell et Kevin J. Mc Gowan, de l'université Cornell d'Ithaca (New York, USA) ont étudié la présence d'ailes de grues dans le village néolithique turc de Çatalhöyük (7 000 av JC) et font l'hypothèse qu'elles servaient à des cérémonies de danses rituelles imitées des danses réelles de grues dans la nature. Ils relèvent que dans toutes les cultures humaines proches des biotopes naturels de ces oiseaux, les différentes espèces de grues sont des symboles de bonheur, de mariage, de fidélité, à cause de leur monogamie, de piété et de sagesse, en rapport aussi avec le soleil, sans doute à cause de leur taille voisine de celles des hommes, de leur bipédie, de leur qualité d'animal social et de leur cri semblable au sons de trompettes. Elles ne portent malheur que chez les Celtes. En Chine, en Australie, chez les Ainu au Japon, et les BaTwa en Afrique du Sud il existe des danses des grues effectuées par les humains portant des plumes, et les Ostyak de Sibérie portaient des peaux de grues pour certaines cérémonies.

Dans la Vie de Thésée de Plutarque (XIX) on peut lire :

"Thésée, étant parti de Crète, alla débarquer à Délos. Là, après avoir fait un sacrifice à Apollon et consacré une statue d'Aphrodite qu'Ariane lui avait donnée, il exécuta, avec les jeunes Athéniens qui l'accompagnaient, une danse qui est encore en usage chez les Déliens; les mouvements et les pas entrelacés qui la composent sont une imitation des tours et des détours du labyrinthe. Cette danse, au rapport de Dicéarque, est appelée à Délos la Grue. Thésée la dansa autour de l'autel qu'on nomme Cératon, parce qu'il n'est fait que de cornes d'animaux, toutes prises du côté gauche. On dit aussi qu'il célébra, dans cette île, des jeux où, pour la première fois, les vainqueurs reçurent une branche de palmier"

 

 

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Monica Tan et le "skyclad"

8 Avril 2015 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Nudité-Pudeur en Asie-Océanie

Dans le Guardian d'aujourd'hui la journaliste basée en Australie Monica Tan, comme elle l'avait fait quelques jours plus tôt à propos de l'expo de James Turrell à la National Gallery de Camberra en 2015 fait sa petite apologie de la nudité en revenant sur cette expérience. Elle y vante le fait d'être "skyclad", notion empruntée à la Wicca, si je ne me trompe...

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Massages chinois, massages asiatiques

29 Novembre 2013 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

thai.jpgVoilà deux ans que je garde dans mes tiroirs un article sur les salons de massage chinois, issu d'une enquête sur le sujet dans les beaux quartiers de Paris. Je l'avais presque oublié mais je tombe ce soir par hasard sur l'article d'Annabel Vallard, chercheur associé à l'EHESS et chargée de recherches à l'université libre de Bruxelles, au sujet du massage thaï "Corps à corps : théorie et pratique dans l’enseignement d’une technique corporelle traditionnelle. L’exemple du massage thaï au Wat Pho de Bangkok", ASEANIE, 11 : 73-120. L'article est en ligne ici.

 

J'en conseille la lecture même à ceux qui ne sont pas familiers de l'anthropologie. C'est une étude très complète qui aborde en détail à la fois les normes gestuelles observées dans les écoles de massage, leur positionnement par rapport aux normes corporelles de la société thaï, la généalogie de ce savoir (l'ascendance indienne en particulier) et les soubassements théoriques (pas forcément faciles à expliciter s'agissant d'une science essentiellement pratique) notamment autour de la conception du mouvement des fluides.

 

Comme le souligne la chercheuse, le massage est une discipline qui repose énormément sur du non-dit, c'est ce qui en fait un sujet, comme beaucoup d'autres en anthropologie du corps, particulièrement difficile à cerner et à objectiver au delà des intuitions que l'anthropologue, plongé dans une observation participante, peut nourrir - mais qui peuvent aussi s'avérer erronées... 

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Histoire d'ours

2 Novembre 2013 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Lu ce matin dans Ethnologia Polona (vol 13, 1987 p. 257-89), "Des évêques et des ourses, Etudes de quelques chapiteaux du cloître de Sait-Lizier en Couserans" d'Arnold Lebeuf. Je me méfie un peu de certaines "libres interprétations" de l'anthropologie, surtout quand elle s'autorise de la psychanalyse, cependant je trouve touchante cette parenté entre l'humain et l'âne que les écrivains de Pline l'Ancien à Gaston Phoebus ont repérée et ses implications dans les rituels de fécondité des Douganes et des Yacoutes, on aimerait en savoir plus... Bien sûr en Béarn comme ailleurs les ânes s'appellent Martin, et la légende de l'évêque de Couserans permet de bien comprendre pourquoi aussi bien les ours que les ânes s'appellent Martin. Je cherche cependant des éléments sur une chanson dédiée à l'ours Dominique "Adiu praube Dominica". Vieux souvenir d'enfance. Aucune trace sur le Net... Ca a peut-être à voir avec le dernier ours tué dans les Pyrénées, je ne sais pas.

 

 

 

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Désir et politique dans les Mémoires du Cardinal de Retz

13 Septembre 2013 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Il y a un passage (p. 386 en Folio) étonnant dans les Mémoires du Cardinal de Retz, où l'on voit la logique des alliances politiques sous la Fronde potentiellement absorbée en totalité par la loi du désir sexuel. C'est cette page (qui évoque décembre 1649) où Mme de Montbazon, épouse du duc Hercule de Rohan et maîtresse du duc de Beaufort (une très belle femme très imbue de sa personne selon Retz), qui, à l'époque a 39 ans (Retz en a 36), reproche au Cardinal de ne pas s'enfuir avec elle à Péronne (Picardie), et interprète le refus de ce dernier la suivre par son propre attachement à ses deux maîtresses (ses deux "nymphes"), Mme de Chevreuse (qui a 27 ans, fille du duc de Lorraine, belle, amatrice de coucheries sans lendemain et "sotte jusques au ridicule par son naturel") et Mme de Guéméné (45 ans, épouse de son cousin Louis de Rohan). Il est étonnant de voir comme l'histoire pulsionnelle par moments se révèle sans fard...

 

retz

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Georges Devereux et l'anthropologie du corps

6 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Baubo.jpgJe faisais allusion dans un précédent billet aux travaux de Georges Devereux, psychanalyste et père de l'ethnopsychiatrie dont un des grands avocats en Allemagne (qui traduisit et publia "Baubo, la vulve mythique" et le fit publier Outre-Rhin avant même sa sortie en France) est l'ethnologue Hans Peter Duerr qui a beaucoup inspiré mes travaux sur la nudité.Et je signalais à cette occasion mon intérêt très prudent pour la psychanalyse.

 

Je pourrais, si je voulais justifier cette prudence, citer mille exemples. Voici le dernier en date qui me vient à l'eprit et qui est extrait précisément du livre de Devereux sur Baubo :

 

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N'importe qui, même sans compétence particulière d'helléniste peut contater la faiblesse de l'argumentation logique qui fait identifier la deuxième fille de Déméter (sans nom) à la première (Perséphone), sur la base de deux surnoms qui pourraient être attribués à n'importe quelle déesse. Toutes les "démonstrations" dans les analyses de mythes, sont de cet acabit, et mieux vaut donc avancer avec scepticisme dans la forêt des faits souvent mis en relation entre eux d'une manière assez abusive... Aussi ne suis-je convaincu par à peu près aucune de ses hypothèses, notamment pas celle selon laquelle les déesses sont des mères des hommes  (dans "Femme et mythe"), ses idées sur la réversibilité phallus-vulve, ses comparaisons "à la hâche" entre Baubo, une Gorgonne étrusque et une déesse japonaise, etc.

 

Néanmoins je prends Devereux pour un agitateur d'idées intéressant, et un témoin d'une époque déjà lointaine (dans ses livres du début des années 1980) : par exemple quand il aborde l'image des femmes enceintes ou le rapport des femmes à la laideur de leur sexe et de leur corps (ce qui n'est visiblement plus du tout d'actualité dans la nouvelle économie médiatique de la valorisation-dévalorisation de la plastique physique et de la sexualité).

 

Je pense qu'il y a dans son bric-à-brac des choses importantes à repêcher pour des recherches placées sur d'autres rails. Par exemple quand il ressort un fragment du stoïcien Chrysippe sur Athéna, ou lorsqu'il exhume toutes les symboliques de la fève chez les auteurs grecs (au delà même de ce que j'en lisais récemment chez Plutarque à propos de Pythagore), et qui ferait presque de cet aliment un équivalent du maïs chez les civilisations d'Amérique centrale (y compris dans sa suggestivité métaphysique, il y aurait de quoi en faire un livre qui réarticulerait au passage toute la hiérarchie pneumatique des valeurs de l'esprit à l'appareil digestif). L'audace que lui donne la double culture psychanalytique et ethnologique lui permet d'aborder des sujets que personne n'examinait avant lui comme, par exemple, la toison pubienne qui intrigue beaucoup les magazines féminins en ce moment (le business de l'épilation comme celui du tatouage ou du piercing nourrissant des "débats identitaires" à n'en plus finir) : sur ce sujet par exemple en mêlant des anecdotes typiques des années 70 avec des connaissances ethnologiques sur des peuples encore coupés de notre modernité occidentale, Devereux apporte des contrepoints utiles, ou des compléments opportuns, aux remarques plus marquées par les années 2000 (malgré leur souci d'inactualité) d'un Desmond Morris (dans "The naked woman") qui avait été une des mes plus importantes boussoles sur cette question.

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Les femmes musulmanes aux Jeux Olympiques

30 Août 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Pour ceux que le sujet a intéressé cet été, et qui lisent l'anglais, je recommande sur Anthropology-News l'article de la doctorante à Cambridge Sertaç Sehlikoglu-Karakas sur la présence de représentantes de nations musulmanes aux Jeux olympiques de Londres. Elle a notamment enquêté auprès de jeunes femmes à Istanbul sur l'image de l'athlète bahreini Roqaya Al-Gassra.
 
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Nudité des déesses (suite)

28 Mars 2011 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Décidément il y a quelque chose qui cloche dans cette division qu'Evola instaure entre la nudité de l'archétype démétrien-maternel et celle de l'archétype aphrodisienne abyssale (p. 176). Dans les Mystères du Gynécée (p. 96) Paul Veyne explique qu'au 3ème siècle avant Jésus-Christ "l'imaginaire étrusque était peuplé de Lasa, démones toutes nues et plutôt bienveillantes qui font penser aux Apsara indiennes ou khmères (dont elles n'ont pas les rondeurs), et aussi de Vanth, ces espèces de Furies en robe longue et sas aile, ou bien nues avec des ailes, ou ailées en robe longue et brandissant des torches ou des serpents". Est-ce que c'est démétrien ou aphrodisien ça ?

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